Assises : l’avis des experts sur les crimes de Septèmes
Les jurés varois ont entendu hier les conclusions des médecins légistes, spécialistes en génétique, balistique et odeurs corporelles pour étayer leur intime conviction dans deux procès en appel
La cour d’assises du Var a connu hier sa journée des experts. Après la synthèse livrée vendredi dernier par les enquêteurs, celleci a conclu l’examen des aspects matériels des deux crimes, sur fond de trafic de stupéfiants, que les jurés varois ont à juger en appel (lire nos éditions précédentes). À savoir le meurtre du jeune Yann Fuentes, le 1er mai 2014 à Septèmes-les-Vallons, aux portes de Marseille. Pour ces faits, Mohamed Belhacene, 26 ans, a été condamné à quinze ans de réclusion en mai 2017 par les assises des Bouches-du-Rhône. Mais aussi la tentative d’assassinat du même Mohamed Belhacene le 25 mai 2014, toujours à Septèmes, dont a été acquitté Jean-Baptiste Fuentes, 39 ans, oncle de la première victime. Un acquittement dont le parquet général a fait appel.
Un mort, un blessé
Le médecin légiste a indiqué que l’on avait retrouvé, incluses dans le crâne de Yann Fuentes, les deux balles qui lui avaient été tirées dans la tête, à bout portant, alors qu’il se trouvait au volant de la voiture de sa mère, stationnée à proximité de sa cité de la GavottePeyret. Les deux tirs, potentiellement mortels, avaient été effectués par quelqu’un qui se trouvait derrière la victime. Le même expert avait examiné trois semaines plus tard Mohamed
Belhacene, qui avait survécu après avoir reçu deux balles d’un tireur casqué, qui l’attendait devant le domicile de ses proches. L’une lui avait fracturé le pouce droit. La seconde l’avait atteint sous la droite du menton, sans provoquer de lésion mortelle.
Des tirs très proches
Selon le balisticien de la police scientifique de Marseille, les deux balles qui avaient tué Yann Fuentes avaient été tirées par un revolver Smith & Wesson 357 Magnum.
Mohamed Belhacene a pour sa part indiqué qu’il avait reconnu l’arme du tireur qui l’attendait : « Un pistolet automatique, comme celui que j’avais. Un Colt 45. » L’expert en résidus de tirs a confirmé que les coups de feu sur Yann Fuentes avaient été tirés à l’intérieur de la voiture. Et d’après les traces retrouvées sur les vêtements de Mohamed Belhacene, visé trois semaines plus tard, celui-ci se trouvait très proche de son agresseur : «Àun ou deux mètres. »
Odeurs corporelles et traces de sang
Un expert en morphoanalyse des traces de sang a passé au crible la voiture dans laquelle Yann Fuentes a été tué. Il en a conclu que la totalité de l’assise du siège avant droit avait été souillée par le sang de la victime. Ce qui excluait que le tireur ait pu se trouver à cette place. « Donc le tireur était derrière le conducteur, où il n’y a pas de trace de sang projeté. » Dans cette voiture, l’expert en génétique a trouvé l’ADN de Mohamed Belhacene à l’avant droit, sur la ceinture de sécurité, l’appuietête et le lève-vitre. Quant à sa présence sur le siège arrière gauche, position du tireur ? Les prélèvements d’odeurs réalisés à cet endroit ont été confiés à un expert en odorologie, qui travaille avec des chiens spécialement dressés. Sur les odeurs corporelles des cinq suspects qui lui ont été soumises, seule celle de Mohamed Belhacene a été identifiée à cette place. La cour entendra aujourd’hui des témoins de l’entourage des accusés à la cité de la Gavotte-Peyret.