L’agriculture varoise en quête de nouvelles terres
Créateurs de richesse, les agriculteurs varois ont besoin de plus de terres. Mais, bien conscients des enjeux environnementaux, ils s’engagent pour un développement durable de leur activité
Pour sa toute première session en tant que présidente de la chambre d’agriculture du Var, Fabienne Joly, élue le 1er mars dernier, ne pouvait pas rêver meilleur lieu que la commune de La Londeles-Maures. Avec un maire qui est également viticulteur, c’est en effet la garantie d’un accueil bienveillant. À l’heure de « l’agribashing », les paysans varois auront sans doute apprécié. En terrain ami, Fabienne Joly en a donc profité pour présenter lundi son « plan de conquête et reconquête agricoles », l’un des axes prioritaires sur lesquels elle et son équipe avaient fait campagne. Avec 140 000 emplois directs et indirects et 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, l’agriculture pèse dans l’économie de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. « Mais comme tout secteur économique, il a besoin de se développer », commente Fabienne Joly.
Comme neige au soleil
Et pour cela, il lui faut obligatoirement inverser la tendance en récupérant des terres cultivables. En soixante ans, les espaces agricoles varois, « pris en étau entre une urbanisation grandissante et des milieux naturels fortement étendus et surprotégés », ont en effet fondu comme neige au soleil. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 12 % de la surface du département, contre 37 % en 1950 ! Après consultation des différentes filières agricoles varoises, la chambre d’agriculture du Var estime les besoins à 10 000 hectares supplémentaires à l’horizon 2030. Ça peut paraître beaucoup, mais « ça ne représente que 8 % des surfaces agricoles perdues ces soixante dernières années », relativise Fabienne Joly. Les agriculteurs varois peuvent se montrer optimistes : le foncier existe. Deux gisements ont même été clairement identifiés : les friches – des espaces agricoles à l’abandon depuis plus de trois ans – et les espaces boisés à potentiel agricole.
Un projet sélectionné par le ministère
« Sans compromettre la viabilité des populations naturelles existantes et la présence des espèces sur le territoire », précisent les agriculteurs, bien conscients des enjeux environnementaux, dans leur profession de foi remise lundi au préfet du Var. Un document signé par 29 organisations professionnelles agricoles représentant l’ensemble des filières du Var. Les paysans varois ont toutes les raisons de croire qu’ils seront accompagnés dans leur démarche de reconquête des terres, puisque, comme l’a annoncé Fabienne Joly, leur projet de développement durable « a été sélectionné par le ministère de l’Agriculture comme programme exemplaire et sera financé dès cette année pour être étendu à l’ensemble de la région ».