SÉQUESTRÉE PENDANT ANS À ST-RAPHAËL !
Une femme de ans affirme avoir été enfermée jusqu’à dimanche dernier, dans des conditions dégradantes, dans la villa de sa belle-mère. Cette dernière, qui nie les faits, a été déférée au parquet.
En dépendance psychologique, au régime sec avec un seul repas par jour, sans possibilité de toilette intime ni de douche : ce sont les conditions dégradantes dans lesquelles une femme de 31 ans assure avoir vécu jusqu’au week-end dernier, à Saint-Raphaël. Un calvaire qu’elle dit avoir subi pendant cinq ans. Dimanche dernier, en début de soirée, cette jeune dame est prise en auto-stop par un couple d’automobilistes, aux abords de la forêt à Agay. Apparemment perdue, elle raconte s’être enfuie d’une maison où elle était séquestrée. Le soir même, elle est prise en charge par les sapeurs-pompiers puis transférée à l’hôpital de Cannes. « Elle a ensuite été entendue par les services de police de Cannes, puis par ceux du commissariat de Fréjus, dans le cadre d’une enquête de flagrance du chef de séquestration, indique le procureur à Draguignan Patrice Camberou. Elle leur a indiqué avoir noué une relation avec un fils de la famille en 2008, puis être tombée enceinte avant leur séparation, mais être ensuite restée au domicile de sa belle-famille ».
Elle arrive à s’échapper par la fenêtre
Aux enquêteurs, elle décrit une situation de dépendance, d’enfermement et de mauvais traitement dans cette villa située non loin du boulevard Jacques-Baudino. Elle met en cause sa belle-mère âgée de 61 ans. La jeune femme assure aux enquêteurs qu’elle a tenté de s’échapper une première fois, mais a été rattrapée par un membre de la famille. Elle assure être finalement parvenue à s’enfuir par une fenêtre, en profitant de l’absence de sa belle-mère et d’un défaut de surveillance des autres personnes présentes. Selon le procureur, un examen médico-légal a révélé « un état buccodentaire médiocre et plusieurs ecchymoses ». Un examen psychiatrique a été diligenté avant-hier ; ses conclusions ne sont pas encore connues. La jeune femme a été prise en charge par l’association d’aide aux victimes du Var. « Cette dame témoignait d’une grande vulnérabilité et d’un état manifeste de fragilité psychologique, poursuit Patrice Camberou. C’est l’enquête, et notamment l’examen psychologique, qui doit renseigner les enquêteurs sur l’origine de cette fragilité. Est-ce son état habituel ou est-ce vraiment dû à ce qu’elle vient de subir ? » Au vu des premiers éléments qui lui sont parvenus, le magistrat penche plutôt, pour l’instant, pour la seconde hypothèse. Dans le cadre de l’enquête de flagrance, une visite sur les lieux a permis la découverte du lieu de vie et l’audition des membres du foyer. « Les témoignages recueillis, que ce soient les fils de la bellemère ou d’autres personnes, semblent accréditer la version de la jeune femme, atteste Patrice Camberou. C’est ce qui ressort en croisant les dires de chacun. Mais il reste encore de nombreuses zones d’ombre. » La belle-mère a été placée en garde à vue lundi soir et prolongée le lendemain. La sexagénaire conteste toute séquestration, « mais elle avoue que sa bellefille n’était pas sortie de la maison depuis au moins un an », pointe le procureur. Elle affirme en outre avoir tenté de l’aider. « Or, relève le magistrat, comment se fait-il qu’aucune demande d’assistance ni de placement ne soit parvenue aux services concernés ? Et que personne n’ait dénoncé les conditions dans lesquelles se trouvait cette jeune femme ? Là est toute la question. L’enquête qui ne fait que commencer doit faire la lumière sur toutes ces interrogations ».
Son enfant de ans placé
Le fils de la jeune femme, âgé de dix ans, a fait l’objet d’une ordonnance de placement provisoire avant-hier. Il a été confié à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). À l’issue de sa garde à vue, la belle-mère a été déférée au parquet en vue de l’ouverture d’une information judiciaire. Elle est soupçonnée de séquestration, abus de faiblesse, violences volontaires habituelles sur personne vulnérable, soumission d’une personne vulnérable à des conditions d’hébergement indignes, escroquerie au jugement d’adoption. La non-assistance à personne en danger était de surcroît visée contre X. Le parquet a requis le placement en détention provisoire de la sexagénaire.