Var-Matin (La Seyne / Sanary)

J.-J. Roche : « La paix s’est durablemen­t installée »

- P.-L. P.

Invité par la Fondation méditerran­éenne d’études stratégiqu­es, Jean-Jacques Roche, directeur de l’Institut supérieur de l’armement et de la défense, dressera ce soir « un panorama du

(1) monde contempora­in », installé, malgré les apparences, dans un climat de paix.

Malgré tous les conflits dans le monde, vous avez une vision plutôt optimiste du monde.

Je ne nie pas l’existence de conflits dans le monde, mais la réalité est que nous sommes aujourd’hui dans un monde de paix. D’un point de vue purement quantitati­f, c’est évident. Les deux seuls conflits interétati­ques actuels (l’Inde contre le Pakistan et Israël opposé à l’Iran en Syrie) n’ont pas fait les centaines de milliers de morts auxquels nous avaient habitués les précédents grands conflits interétati­ques. Notamment la première guerre mondiale. Je le répète : la paix s’est durablemen­t instaurée entre les états. On a eu beaucoup de mal à formaliser cette idée. C’est le sociologue Raymond Aron, au début des années , qui le premier a constaté une sorte de « loi tendanciel­le à la réduction de la force employée ».

La récente augmentati­on des budgets militaires a de quoi inquiéter, non ?

Cette hausse n’est pas bien spectacula­ire en Europe. Nous sommes en dessous des  % du PIB réclamés par l’Otan. Et de toute façon, personne n’a vraiment envie que ces  % soient respectés. Ça signifiera­it que le budget allemand de la Défense serait de  milliards d’euros. Personne n’a envie d’avoir

OUR ISOLER COMBLE une armée allemande disposant d’un tel budget. Quant au budget militaire de la Russie, il est à peu près équivalent à celui de la France. Ce n’est pas astronomiq­ue. Seule la Chine, avec  milliards de dollars, est au-dessus du lot. Mais dans le même temps, les États-Unis sont toujours au-dessus des  milliards de dollars. Le fossé entre les deux puissances est encore considérab­le. D’ailleurs la Chine le reconnaît puisqu’elle se donne pour objectif de concurrenc­er les États-Unis sur le plan militaire en , pour le e anniversai­re de la Révolution. On ne peut donc pas parler d’une course aux armements effrénée.

Une réaction au retrait des USA du traité de nonprolifé­ration des armes nucléaires de portée intermédia­ire.

Ce traité est extrêmemen­t important. Il a mis fin à la crise des euromissil­es en . Le retrait des Américains en août dernier, au prétexte que les Russes auraient déployé les missiles Novator, est inquiétant, certes. Ça veut dire que les réseaux diplomatiq­ues fonctionne­nt moins bien. Mais si la Russie a besoin, pour des raisons internes ou autres, de faire vibrer la fibre nationalis­te, elle ne peut pas aujourd’hui envisager une manoeuvre guerrière de grande envergure contre un adversaire extérieur. C’est impensable. On n’est donc pas dans une situation de préguerre. 1. Conférence à 18 h 30 au Campus de la Porte d’Italie, amphi FA.001. Inscriptio­n obligatoir­e par mail à info@fmes-france.org

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