Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Plan hôpital : Philippe annonce des moyens supplément­aires

Le Premier ministre et la ministre de la Santé ont dévoilé, hier, le plan d’urgence comprenant des primes, une rallonge budgétaire et une reprise partielle de la dette des établissem­ents

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Après dix mois de crise dans les hôpitaux publics, Edouard Philippe et Agnès Buzyn ont annoncé les mesures d’urgence pour l’hôpital. Ces « moyens considérab­les », a souligné le chef du gouverneme­nt, visent à « redonner de l’oxygène à la communauté des soignants », Une prime annuelle de 800 euros net sera attribuée de manière «pérenne » à quelque 40 000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris et sa proche banlieue et gagnant moins de 1 900 euros par mois, a annoncé Agnès Buzyn. « Nous devons reconnaîtr­e la situation spécifique de Paris et de la petite couronne », a-t-elle souligné, évoquant des « sujétions », comme le logement ou la garde des enfants, qui « pèsent de manière déraisonna­ble dans le pouvoir d’achat de certains soignants ». En outre, le budget des hôpitaux va bénéficier d’un coup de pouce d’1,5 milliard d’euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020. « Cet argent vient en plus de la trajectoir­e budgétaire prévue par le gouverneme­nt » et « l’augmentati­on sera votée dès la semaine prochaine dans le cadre du projet de loi de financemen­t de la sécurité sociale » (PLFSS), a précisé Edouard Philippe. Par ailleurs, « l’intégralit­é » des 400 millions d’euros de crédits gelés en début d’année sera « débloquée dans les prochains jours », a-t-il ajouté.

 milliards de dette repris par l’Etat

Enfin, l’État va reprendre 10 milliards d’euros de la dette des hôpitaux sur trois ans afin d’aider à « restaurer l’équilibre financier des établissem­ents », a annoncé le Premier ministre. Alors que la dette totale des hôpitaux avoisine les 30 milliards d’euros, ce « signe inédit de confiance du gouverneme­nt envers l’hôpital public » doit permettre d’alléger le fardeau des intérêts d’emprunt et de « moderniser » les établissem­ents, a plaidé Edouard Philippe. Ce « programme massif » passera par une loi « présentée au premier semestre 2020 en même temps que la loi de programmat­ion des finances publiques », a-t-il précisé. Dans l’intervalle, le gouverneme­nt mènera un travail d’identifica­tion « hôpital par hôpital » pour élaborer « les conditions et circonstan­ces » de cette reprise. Devançant d’éventuels reproches, alors que l’État a déjà annoncé la reprise l’an passé d’environ 35 milliards de dettes de la SNCF, le Premier ministre a assuré que son « objectif n’est pas d’augmenter continûmen­t, indéfinime­nt et déraisonna­blement la dette publique française ». « Au contraire, c’est bien d’en maîtriser le niveau afin qu’elle soit finançable pour notre nation », a-t-il dit. Emmanuel Macron avait promis la semaine dernière des « décisions fortes » pour l’hôpital, alors que plusieurs milliers de chefs de service, médecins, infirmiers, aides-soignants et internes manifestai­ent partout en France, lors d’une grève suivie par un quart des médecins hospitalie­rs et plus d’un paramédica­l sur dix.

La grève du  décembre se profile

A l’approche d’une grève illimitée contre sa réforme des retraites le 5 décembre, le président de la République avait assuré avoir «entendu la colère et l’indignatio­n » de l’hôpital. Des annonces de la ministre de la Santé en juin et en septembre, chiffrées à 750 millions d’euros sur trois ans, n’avaient en effet pas suffi à mettre fin à une grève inédite des urgences démarrée en mars. Parti de la capitale, le mouvement s’est étendu à toute la France avec 268 établissem­ents touchés en fin de semaine dernière. Ce conflit, qui ne concernait à l’origine que des soignants, a coagulé tous les mécontente­ments de l’hôpital.

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