Sommet de l’Otan : la France passe à l’offensive
Adeux semaines du sommet de Londres, la France va soumettre aux alliés ses demandes pour modifier le processus de décision au sein de l’Otan, considéré par Emmanuel Macron en état de « mort cérébrale » avec le désengagement des Etats-Unis. Ce diagnostic brutal du chef de l’Etat français et la critique du leadership américain ont choqué à l’Otan. « Nous ne sommes pas du tout d’accord avec l’évaluation que fait le président Macron de l’OTAN », a déclaré l’ambassadrice des Etats-Unis Kay Bailey Hutchison. « Le président Macron a des choses difficiles à dire sur le fond (...) Il a pris le risque de l’impopularité et il assume cette responsabilité », explique-t-on à Paris.
La question clé de l’espace
L’Otan a besoin aujourd’hui de « repenser sa stratégie », a soutenu la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin. Le chef de la diplomatie française JeanYves Le Drian doit fournir à l’Alliance des explications et formuler des demandes et des propositions au cours d’une réunion avec ses homologues à Bruxelles, a-t-on indiqué de sources diplomatiques. Cette réunion permettra de traiter les questions stratégiques, notamment l’espace, nouveau terrain d’opérations de défense pour l’Alliance dont les membres ont près de 1 000 satellites en orbite, et du positionnement de l’Otan face à la montée en puissance de la Chine, « second budget militaire du monde et très présente dans le cyberespace », a expliqué le secrétaire général Jens Stoltenberg. La France va réaffirmer son attachement à l’Otan. « L’Alliance est indispensable, mais il n’y aura pas d’Otan forte sans une défense européenne forte », répètent les responsables français. La crispation des alliés n’est pas une surprise. « On ne cherche pas à gagner un concours de popularité, mais on veut être écoutés et entendus », explique-t-on à Paris.
Des positions différentes au sein de l’UE
Certains pays de l’UE ont un positionnement très différent selon l’enceinte où ils s’expriment. « A l’Otan, le réflexe qui prime est de garder les Américains arrimés à l’Europe à n’importe quel prix. Les membres de l’Union européenne adoptent le langage américain qui considère la Russie et la Chine comme des adversaires. Ces mêmes pays lorsqu’ils sont dans les enceintes de l’UE considèrent la Russie et la Chine comme des partenaires et des rivaux commerciaux », ironise un diplomate. La plupart des alliés redoutent les réactions, lors du sommet à Londres, de Donald Trump, confronté à une procédure de destitution. Lors du dernier sommet de l’Otan, le président américain avait humilié la chancelière Angela Merkel, accusée de ne pas suffisamment contribuer à l’effort de défense et de participer au réarmement de la Russie par ses achats de gaz.