OBJECTIF ZÉRO FUMÉE DANS LA RADE
La charte signée hier avec la Métropole engage Corsica Ferries à utiliser des carburants à faible teneur en soufre dès l’entrée en rade. D’autres compagnies maritimes devraient y être soumises
Toulon et la Métropole mettent en place un dispositif contraignant les navires à utiliser des carburants à faible teneur en soufre avant même d’être à quai. Corsica Ferries l’a déjà accepté.
« L’économie est un volet majeur du développement de notre territoire. Mais aujourd’hui, l’économie ne peut plus polluer. » Quelques mots de Renaud Muselier, président de la région Provence - Alpes - Côte d’Azur, venu hier en bord de rade, détailler la partie toulonnaise du plan « Escale zéro fumée ». Mais, alors qu’il revenait sur le dispositif, c’est une autre nouvelle qui a pris le pas sur la présentation. « Ce grand projet “Escales zéro fumée” n’est pas une fin en soi, a ainsi dit Hubert Falco, président de la Métropole Toulon - Provence Méditerranée et maire de Toulon. C’est le début de nombreuses initiatives locales en faveur du développement de nos ports et d’un trafic maritime toujours plus propre. »
Et d’annoncer qu’à compter de l’été prochain, les navires transportant des passagers devront utiliser des carburants marins dont la teneur en soufre n’excède pas 0,1 %, dès leur entrée en zone de pilotage, y compris lorsque leurs escales durent moins de deux heures. La pollution de l’atmosphère en sera ainsi réduite de façon significative.
Mieux que la loi
Une disposition qui va plus loin que ce que prévoit la loi depuis le 1er janvier 2020 : la réglementation en vigueur impose l’utilisation de carburant à 0,5 % de soufre pour les navires à passagers en mer et à 0,1 % de soufre seulement à quai et lorsque les escales durent plus de deux heures (contre 0,5 % auparavant). « Si l’État n’a pas jugé utile de mettre en place une zone d’émission contrôlée pour la Méditerranée (1), nous, élus locaux, prenons nos responsabilités en instaurant les règles strictes d’une zone ECA aux abords de nos ports », s’est enorgueilli Hubert Falco.
Plus propre dès hier
Première à ratifier le dispositif, la compagnie Corsica Ferries proposait dès hier des escales respectant cette nouvelle règle. C’est ce qu’a assuré son président Pierre Mattei. Il faut dire que ses bateaux sont quasiment les seuls à s’amarrer à Toulon pour des durées inférieures à deux heures, l’été notamment. Pierre Mattei a toutefois précisé que ses navires utilisent depuis octobre dernier des carburants à 0,5 % de soufre, en navigation, là où la loi se contentait jusqu’en janvier de 1,5 %. « Une entreprise comme Corsica Ferries ne peut qu’être concernée par cette préoccupation – la première des Français –, qui ne peut se régler que par la coconstruction. »
Travail d’équipe
Ce n’est pas Renaud Muselier qui le contredira. Présenté il y a tout juste quatre mois à Marseille, le plan « Escale zéro fumée » est d’ores et déjà plus concret (lire par ailleurs) grâce à « une démarche collective ». « Les ports ont assuré notre richesse, a rappelé le président de Région, mais aujourd’hui, ils sont détestés par la population qui les juge vecteurs de pollution. On ne pouvait pas rester inactif. » Surtout, cette coopération entre les ports de Paca permet d’éviter une concurrence qui irait contre leurs intérêts. « Si les bateaux ne respectent pas ces nouvelles règles, a averti Hubert Falco, ils n’iront ni à Toulon, ni à Nice, ni à Cannes ! » Ces deux villes ont en effet déjà mis en place le même type de dispositif.
1. Les zones ECA (pour emission control area) prévoient des normes encore plus strictes, avec des carburants de navigation à 0,1 % de soufre. Ces zones existent déjà dans la Manche et en mer du Nord. Elles pourraient voir le jour en Méditerranée en 2022.