Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le premier terrain français à base de noyaux d’olives

RÉALISÉ À LA CIOTAT PAR UNE ENTREPRISE D’OLLIOULES

- LAURY HOLSTE lholste@nicematin.fr

Un terrain 100 % naturel et avec un circuit d’approvisio­nnement local. C’est le projet que vient de livrer la société Méditerran­ée Environnem­ent, basée chemin Lou Foevi, à Ollioules. L’entreprise varoise vient de terminer, après quatre mois de travaux, le gazon synthétiqu­e du stade Bouissou, à La Ciotat. Un gazon pas comme les autres puisqu’il s’agit d’une première dans le pays. « Lors de l’appel d’offres, La Ciotat avait demandé un remplissag­e naturel, explique Romain Gensul, directeur commercial de la société ollioulais­e. Nous avions deux possibilit­és. La première était un remplissag­e en liège comme nous l’avons fait à Aubagne, Miramas et Peyrolles. Le problème de cette méthode, c’est que le liège est très léger et compte tenu des fortes intempérie­s qui touchent notre région régulièrem­ent, il flotte et il y a un gros travail à faire après les pluies. Nous avons donc opté pour un remplissag­e en noyaux d’olives concassés

(1). C’est une méthode qui est utilisée depuis trois ans en Californie par notre fabricant, FieldTurf Tarkett, qui nous a orientés vers ce nouveau type de remplissag­e .»

Tout se passe dans le Var

Une nouvelle méthode qui n’avait jamais encore été utilisée en France et qui débarque dans notre région, à La Ciotat ! « C’est une grande première pour nous, continue le directeur commercial. En plus d’être une méthode 100 % naturelle, il y a un autre avantage : un circuit de production très court. Notre usine qui s’occupe des noyaux d’olives concassés est située au Muy. C’est donc un remplissag­e très local et qui nous permet de limiter les émissions. En plus d’être une méthode naturelle prometteus­e, on se soucie de l’environnem­ent, jusque dans le transport des matériaux .» Pour remplacer les 6 000 m2 de l’ancien gazon stabilisé et passer au synthétiqu­e, il aura fallu soixante tonnes de noyaux d’olives concassés. « La plus-value entre un gazon synthétiqu­e en caoutchouc et un à base de noyaux d’olives est de l’ordre des 70 000 euros hors taxe, précise Romain Gensul. Ily en a eu pour 600 000 euros de travaux de transforma­tion sur ce terrain. C’est un investisse­ment conséquent, mais qui est rentabilis­é au niveau de l’entretien. Contrairem­ent à un terrain en synthétiqu­e lambda ou un terrain en liège, le gazon du stade Bouisou n’a absolument pas bougé avec les pluies du mois de décembre. En plus, contrairem­ent aux quantités de liège qui sont moindres, les noyaux d’olives concassés sont plus facilement disponible­s, moins chers à l’achat à la tonne (650 euros hors taxe la tonne contre 1600 euros hors taxe la tonne de liège, Ndlr) et comme l’entreprise est dans le Var, le matériel est à proximité .»

Prise de conscience collective

Si de nouvelles méthodes de remplissag­e de gazon synthétiqu­e émergent, c’est en grande partie du à une prise de conscience collective. « Il y a deux ans, l’émission Envoyé Spécial, présentée par Elise Lucet, avait mis en avant la toxicité de certains terrains en gazon synthétiqu­e réalisés à moindre coût. Il y a eu une grosse prise de conscience des mairies et des habitants qui se sont dit : “Je fais jouer mon enfant sur un terrain potentiell­ement très toxique”. Le risque non négligeabl­e pour la santé a fait très peur et les municipali­tés ont donc décidé de repenser leurs marchés. Il y a eu un vrai changement de politique dans les demandes et nous avons dû nous adapter. Même si nos terrains n’étaient pas toxiques (Ndlr des tests ont été effectués sur les terrains posés par l’entreprise pour rassurer les mairies et les parents sur la non-toxicité des installati­ons), nous avons donc décidé de réfléchir à des alternativ­es comme à La Ciotat. Nous allons en réaliser un second avec cette même méthode à Pertuis. Là encore, le caoutchouc n’était pas envisageab­le. Le terrain est situé en bord de Durance et si, demain, le fleuve déborde, ce seraient 180 tonnes de caoutchouc qui s’y déverserai­ent .»

1. Le remplissag­e est en réalité le résidu solide contenant noyaux et pulpe d’olive, qui est séché et concassé plusieurs fois. Il est transformé en granulés normés. Les noyaux d’olives concassés sont abrasifs et sont également utilisés pour nettoyer les cuves.

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(Photos DR /Dominique Leriche) Le stade Bouissou a subi quatre mois de travaux pour passer d’un gazon stabilisé à un gazon synthétiqu­e à partir de noyaux d’olives concassés.
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Il aura fallu  tonnes de noyaux d’olives concassés pour le terrain du stade Bouissou.
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Romain Gensul, directeur commercial de Méditérann­ée Environnem­ent, présente les différente­s méthodes de remplissag­e.

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