Bac : vers un boycott des nouvelles épreuves ?
À partir de lundi débuteront les épreuves communes de contrôle continu pour les élèves de première. De nouveaux écrits taxés « d’improvisation » par les syndicats enseignants
Dans le jargon éducatif, on les appelle les E3C. Issues de la réforme du lycée et du bac remanié, ces épreuves communes de contrôle continu constituent la grande nouveauté de cette année. Et ce sont les élèves de 1re générale et technologique qui les testeront. À raison de deux sessions d’épreuves écrites sur des sujets nationaux qui se tiendront, dans les lycées, au cours du 2e et 3e trimestre. Quant aux résultats, ils compteront pour 30 % dans la note finale du bac, nouvelle formule. Dans l’académie de Nice, la première session des E3C est dans sa phase lancement. Elle se jouera à partir de lundi jusqu’au 14 février pour les 13 354 élèves de cette « promo test ». Au menu, histoire-géo, langues vivantes 1 et 2 et pour les élèves de techno, une épreuve de maths en plus. À charge pour les proviseurs d’organiser dans leur lycée, ces écrits d’une durée de 2 heures maximum.
La grogne monte
Dans les établissements, la grogne monte. Les profs voient se profiler d’un mauvais oeil ces épreuves qu’ils taxent « d’improvisation ». Et la réplique s’organise, orchestrée par l’intersyndicale réunissant la plupart des organisations enseignantes (Snes-FSU, SNALC, CGT,
SUD, SE-UNSA, SGEN-CFDTA...) pour appeler à une mobilisation nationale aujourd’hui. L’objectif : faire pression sur le conseil technique ministériel prévu mercredi pour demander la suppression de la première session des E3C. Une fronde menée à coups de pétitions, lettres ouvertes au recteur, aux parents... Et même de boycotter les E3C « en n’assurant pas la surveillance des écrits par exemple, ou en donnant un 20 sur 20 aux élèves » souffle un prof. Selon le Snes, certains établissements du Var se sont déjà positionnés pour ce boycott. Cas de Lorgues, Costebelle (Hyères), Dumont d’Urville ou Rouvière à Toulon (notre édition locale d’hier) ....
« Les sujets tournent sur les réseaux sociaux »
Pourquoi une telle opposition ? « Parce que personne n’est prêt, attaque Fabienne Langoureau, secrétaire académie du Snes-FSU. Qui va surveiller ces écrits et dans quelles conditions ? Comment assurer l’anonymat des copies qui seront à scanner ? Et comment se dérouleront ces corrections dématérialisées ? Nous n’avons aucune réponse. Ces épreuves se mettent en place dans des conditions inacceptables. » Et de pointer, les sujets fournis par une banque nationale à laquelle ont accès les proviseurs et les professeurs habilités pour télécharger les sujets. « Visiblement ce téléchargement est facile, ironise la secrétaire académique du SNES. Depuis la mi-décembre, les sujets tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Comment peut-on parler d’équité face à ces épreuves du bac, qui est un examen national. »
« Instabilité et stress »
Finies également les séries L, ES et L. Tout comme a disparu le groupe classe. Les élèves se réunissent par spécialité pour suivre les cours. « Sauf que les groupes changent tout le temps. Pas les mêmes élèves, ni les mêmes profs. Tout cela crée de l’instabilité et du stress. » Didier est prof et père d’un lycéen de1re.« À ce jour, je n’ai pas reçu de convocation pour les E3C. Moi, je sais comment ça fonctionne. Mais les parents sont souvent seuls, isolés. Pour eux, c’est compliqué à gérer. »