Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les immenses progrès de la lutte contre le diabète

À la une En stimulant électrique­ment le nerf pancréatiq­ue, des chercheurs azuréens bloquent l’attaque immunitair­e et guérissent des souris diabétique­s type 1

- NANCY CATTAN

Elle est envisagée par les plus grandes firmes pharmaceut­iques mondiales comme la médecine du futur. Reposant sur l’utilisatio­n d’appareils de stimulatio­n électrique implantabl­es (lire ci-contre), la médecine bioélectro­nique suscite d’immenses espoirs, en laissant entrevoir la possibilit­é de réduire, voire remplacer, les traitement­s pharmacolo­giques traditionn­els. Pionnière dans ce domaine, l’équipe de Philippe Blancou, professeur des université­s à l’Institut de pharmacolo­gie moléculair­e et cellulaire, vient de faire la « preuve du concept » dans le diabète de type 1, une maladie auto-immune résultant de la destructio­n des cellules sécrétrice­s d’insuline (cellules bêta du pancréas) par des cellules immunitair­es anormales, dites auto-réactives. Les chercheurs ont réussi à guérir des souris atteintes de diabète de type 1, « simplement » en stimulant électrique­ment le nerf pancréatiq­ue (1). L’aboutissem­ent d’années de recherches soutenues par la branche santé de Google, Verily, et GlaxoSmith­Kline, l’un des dix géants de l’industrie pharmaceut­ique mondiale, signe des enjeux thérapeuti­ques sous-jacents. « Nous avons identifié dans un premier temps un nerf qui se projette sur le ganglion lymphatiqu­e pancréatiq­ue chez la souris, résument Philippe Blancou et Thomas Simon, principaux investigat­eurs de ces études. La seconde étape a consisté à

(2) développer une procédure chirurgica­le permettant d’implanter une micro-électrode au niveau de ce nerf pancréatiq­ue. (3) L’électrosti­mulation de ce nerf, pendant quelques minutes par jour seulement, bloque la destructio­n des cellules bêta du pancréas par le système immunitair­e, et restaure à long terme chez ces souris une glycémie à des taux physiologi­ques. » Des résultats spectacula­ires inespérés, qu’aucun traitement pharmacolo­gique sur le marché ou en cours de développem­ent n’a jusqu’à présent permis d’obtenir.

1. Résultats publiés dans la revue Nature Biotechnol­ogy le 11 novembre 2019. Contact : blancou@cnrs.ipmc.fr 2. Mélanie Guot, Clara Panzolini et Julien Lavergne ont eux aussi apporté une contributi­on majeure à ces travaux. 3. Les chercheurs ont dû passer un diplôme leur permettant de réaliser des actes de chirurgie chez la souris.

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(Photo N. C.) Le Pr Philippe Blancou et Thomas Simon (au er rang), enseignant­schercheur­s à l’IPMC (UCA-CNRS) de Sophia Antipolis.

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