Les immenses progrès de la lutte contre le diabète
À la une En stimulant électriquement le nerf pancréatique, des chercheurs azuréens bloquent l’attaque immunitaire et guérissent des souris diabétiques type 1
Elle est envisagée par les plus grandes firmes pharmaceutiques mondiales comme la médecine du futur. Reposant sur l’utilisation d’appareils de stimulation électrique implantables (lire ci-contre), la médecine bioélectronique suscite d’immenses espoirs, en laissant entrevoir la possibilité de réduire, voire remplacer, les traitements pharmacologiques traditionnels. Pionnière dans ce domaine, l’équipe de Philippe Blancou, professeur des universités à l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire, vient de faire la « preuve du concept » dans le diabète de type 1, une maladie auto-immune résultant de la destruction des cellules sécrétrices d’insuline (cellules bêta du pancréas) par des cellules immunitaires anormales, dites auto-réactives. Les chercheurs ont réussi à guérir des souris atteintes de diabète de type 1, « simplement » en stimulant électriquement le nerf pancréatique (1). L’aboutissement d’années de recherches soutenues par la branche santé de Google, Verily, et GlaxoSmithKline, l’un des dix géants de l’industrie pharmaceutique mondiale, signe des enjeux thérapeutiques sous-jacents. « Nous avons identifié dans un premier temps un nerf qui se projette sur le ganglion lymphatique pancréatique chez la souris, résument Philippe Blancou et Thomas Simon, principaux investigateurs de ces études. La seconde étape a consisté à
(2) développer une procédure chirurgicale permettant d’implanter une micro-électrode au niveau de ce nerf pancréatique. (3) L’électrostimulation de ce nerf, pendant quelques minutes par jour seulement, bloque la destruction des cellules bêta du pancréas par le système immunitaire, et restaure à long terme chez ces souris une glycémie à des taux physiologiques. » Des résultats spectaculaires inespérés, qu’aucun traitement pharmacologique sur le marché ou en cours de développement n’a jusqu’à présent permis d’obtenir.
1. Résultats publiés dans la revue Nature Biotechnology le 11 novembre 2019. Contact : blancou@cnrs.ipmc.fr 2. Mélanie Guot, Clara Panzolini et Julien Lavergne ont eux aussi apporté une contribution majeure à ces travaux. 3. Les chercheurs ont dû passer un diplôme leur permettant de réaliser des actes de chirurgie chez la souris.