Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sébastien met sa Tournée

VEDETTE DU RENDEZ-VOUS ESTIVAL DE VAR-MATIN

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Ce sera l’événement de l’été. Pour la 67e tournée Varmatin, Nice-Matin, voici officialis­é le nom de l’invité et il s’agit de Patrick Sébastien. Chauffe l’ambiance ! Après Daniel Levy, Chimène Badi, Christelle Chollet, Liane Foly, l’hyper-populaire humoriste, à la fois showman, animateur télé, imitateur et chanteur, fera, à coup sûr, un malheur. Valérie Mérali, directrice de l’événementi­el à Var-matin , est aux anges : « J’ai découvert un homme merveilleu­x et brillant, et c’est une grande fierté que de l’avoir convaincu de rejoindre la tournée. Patrick Sébastien va faire tourner les serviettes, on va se serrer comme dans une boîte de sardines, c’est la promesse de bien s’amuser. »

Patrick Sébastien, heureux de rejoindre cette tournée ?

Cette tournée, je suis ravi de la faire. J’aurai cinq musiciens et, pour résumer, on va faire la fête ! Les Sardines, Les Serviettes, je ferai chanter les gens, tout en leur racontant des trucs qu’on ne peut pas dire à la télé. Voilà, c’est une variante de mon spectacle Que du bonheur .Cequine m’empêche pas de sillonner la France aussi avec une pièce de théâtre, Le secret des cigales ,et un programme plus intimiste, Avant que j’oublie. Mais en juilletaoû­t, c’est l’été, il faut quelque chose qui bouge, et pour tous.

Tout l’été sur scène : pas de vacances, zéro répit ?

Je n’ai jamais pris de vacances. L’été, j’ai toujours tourné. La différence, c’est que là, il y aura vraiment beaucoup de dates. D’autant que je repars dès septembre avec une autre pièce, Louis XVI. fr, une belle connerie… Et surtout, à partir du  novembre, on fait pendant plus d’un mois tous les Zéniths de France avec Le Plus grand cabaret du monde. Un énorme truc, soixante-dix personnes sur la route, et un partenaire assez marrant : TF ! Un gros barnum puisqu’il y aura quinze numéros et cinquante artistes sur scène.

Ce Cabaret, c’est une nostalgie ?

Le public le regrette. On m’a jeté sans lui demander son avis. Mais bon, le réveillon a fait  million de téléspecta­teurs de moins que l’année d’avant et on ne se pose pas la question. Trois personnes ont décidé que je n’étais pas assez bien, je ne vois pourtant pas ce que l’on pourrait reprocher à la qualité de mes émissions. D’ailleurs, les artistes ne comprennen­t pas, eux non plus.

Mais des gens ont la carte, d’autres non. C’est à l’image de la politique dans notre pays : quelques-uns décident en haut et ceux qui sont en bas, on s’en fout. C’est aussi con que ça. Pour ce qui me concerne, ce n’est pas grave car mon métier, c’est d’être saltimbanq­ue. Je me suis retrouvé animateur par hasard.

Tenter des choses, tomber, se relever, ça fait partie de ma vie. Il ne faut pas regarder derrière soi, mais devant. Et cette tournée avec Le Plus grand cabaret du monde, je vais peut-être regretter de ne pas l’avoir faite plus tôt.

Pourquoi pas « la carte » ?

Parce que je gêne. Ce qui gêne, c’est ce que je représente. Et ce que je représente, c’est la liberté. Je fais ce que je veux, je ne sais pas me plier. La liberté aussi de m’adresser à tout le monde. Sans ségrégatio­n. Je parle à toutes les couches sociales. J’ai le privilège d’avoir fréquenté des pochtrons à  h du matin dans des bouges et de m’être retrouvé au Bal de la Rose ou dans le bureau d’un président de République, à boire le café. Tu sais, dans Les années bonheur, on mélangeait Frédéric François et Soprano, et c’était bien. Mais il n’y a pas de place pour moi sur cette chaîne. Qu’estce que tu veux que je te dise ? La télé ? Tu te fais démonter, critiquer de partout. Ce milieu est devenu d’une cruauté exceptionn­elle. Alors que cet été dans les villages et sur les plages, je vais rencontrer des gens qui seront contents d’être là et qui seront gentils avec moi. Voilà pourquoi je suis heureux de partir avec Nice-Matin et Varmatin, à la rencontre d’un public populaire. C’est fabuleux. J’aime les gens.

Il y a pire que la télé : les réseaux sociaux…

Sur les réseaux sociaux, on trouve le pire et le meilleur. Moi, je m’en sers un peu pour rester en contact avec le public. Le côté pourri, c’est-à-dire les anonymes qui se cachent derrière leur clavier pour balancer, il ne faut surtout pas s’y arrêter. Quand tu fais ça de ta vie, c’est triste. Franchemen­t, ces gens-là, comment dire ça élégamment ? Je m’en bats les c...!

Donc, des Sardines et des Serviettes, et quoi d’autre ?

Je vais balancer. C’est mon métier de chansonnie­r. De l’actu, du partage, mais quand même ces chansons. Elles sont devenues cultes : je peux les jouer devant 10 000 personnes comme dans un théâtre ou en plein air. Même les étudiants se marrent parce que ce sont des chansons qui ne se prennent pas la tête. C’est populaire… et super difficile à faire. Ce qui me plaît, c’est de passer d’un registre à l’autre. De la même façon que je me régale à écrire un bouquin qui sortira en mai, Les Phrases inoubliabl­es. Des choses qu’on m’a dites et qui pourraient être des répliques de cinéma. Je ne me plains de rien : à soixante-six balais, être encore là et intéresser les gens, c’est un miracle. Le plus important, aujourd’hui, c’est ma santé et les gens que j’aime autour de moi.

De la santé, il en faudra !

C’est ce qui m’inquiète le plus. Tenir le coup. Courir dans tous les sens, sauter, quand on ne fait pas de sport et quand on fume beaucoup… Mais au moins, si je suis incinéré, j’aurai fait la moitié du boulot ! C’est Gainsbourg qui m’a sorti ça un jour…

Toujours « alcool dry » ?

Toujours. Je n’ai pas pris une cuite depuis trente-quatre ans. Heureuseme­nt, sinon je crois que je serais mort. Mais je ne m’empêche pas de prendre un petit verre de rouge de temps en temps, quand c’est bon. Le jour où les emmerdemen­ts dépassent le plaisir, c’est-là que qu’il faut arrêter. Et à la télé, je dois dire que ça commençait à être le cas. Un copain voyou a très bien résumé la chose en me disant ceci : Patrick, ils t’ont tué, mais c’est toi qui avais chargé l’arme !

Qu’est-ce qui vous fait courir ? Côté sous, vous êtes à l’abri ?

Je suis à l’abri, moi, puisque je vis avec rien. Pas de bateau, rien de précieux, juste une bagnole costaude mais parce que je fais   km par an. L’argent n’a jamais été un but pour moi. Seulement un moyen. Mais je vais essayer de continuer à en gagner pour assurer le confort de mon entourage. Et j’ai beaucoup partagé. Venant d’un milieu où il n’y avait pas grand-chose, j’ai passé ma vie à aider les autres. Bref, ce qui me pousse à continuer, c’est de rester vivant. Mon seul loisir étant mon travail, ce qui est une chance énorme. Monter sur scène, c’est un bonheur fabuleux et ça me tient en bonne santé. Deux paquets et dix cafés par jour, mais des analyses nickel. Mon toubib me dit que je suis une insulte à la médecine ! Ce qui me sauve aussi, c’est de me battre contre moi-même pour pardonner et pour rejeter de moi toute rancune, toute malveillan­ce. Je croise les doigts tous les jours pour tenir le coup.

Je fais ce que je veux, je ne sais pas me plier.”

Je suis une insulte à la médecine !”

Toujours un oiseau de nuit ?

Cela fait cinquante ans que je me couche à  h du matin. Très étrangemen­t, j’ai besoin de solitude. Besoin de me retrouver avec moi-même. La nouvelle célébrité que l’on a aujourd’hui, à ne pas pouvoir faire un pas sans être pris en photo, est quelque chose qui rend solitaire. J’ai l’image de quelqu’un qui fait la fête. Mais la fête, c’est plutôt moi qui la fais faire aux autres.

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(Photo François Darmigny)

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