Dans la bulle d’Hayao Miyazaki

La chaîne japonaise NHK vient de mettre en ligne gratuitement les quatre volets du documentaire Dix ans avec Hayao Miyazaki. Immersion avec l’enchanteur nippon

La chaîne nippone NHK a mis gratuitement en ligne en avril le documentaire Dix ans avec Hayao Miyazaki, qu’elle avait diffusé pour la première fois l’an dernier. Les quatre volets sont disponibles en plusieurs langues, dont une version sous-titrée en Français. Quatre chapitres de cinquante minutes chacun, qui nous entraînent dans les coulisses du légendaire studio Ghibli cofondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata en 1985. Une pépinière de jeunes auteurs qui a produit en 2018 La Tortue rouge de Michaël Dudok de Wit. l’univers de cet auteur et producteur de films d’animation, engagé pour la défense de l’environnement et le pacifisme. Un rapport viscéral et quasi animiste à la nature, les thématiques de l’enfance et l’innocence, un monde plus féminin, avec une magnifique galerie d’héroïnes. « meilleur film d’animation, avec Le Voyage de Chihiro (2001), le maître, promu trésor national par ses compatriotes, a signé une dizaine de longs-métrages. Bouleversé par la catastrophe de Fukushima après le tsunami de 2011, il avait réalisé Le vent se lève, en 2013, annonçant qu’il raccrochait les gants pour prendre sa retraite dans… la zone contaminée par les fuites radioactives. Avant de reprendre finalement ses crayons au grand soulagement de ses innombrables fans. Le réalisateur de Dix ans avec Hayao Miyazaki, Kaku Arakawa, a filmé l’auteur pendant une quinzaine d’années. Le documentaire couvre toute la genèse de Ponyo sur la falaise jusqu’au séisme de Tohoku qui endommagea les bureaux de Ghibli, et le tsunami de 2011. On y retrouve l’espiègle et le sage. On y découvre un bourreau de travail et un artisan passionné. On y apprend aussi, comme on s’en doutait un peu, que Totoro et ses semblables existent bien, planqués dans des replis du studio Ghibli. Chaque matin, Miyazaki qui est le premier arrivé, ne manque pas de saluer les entités du petit peuple invisible, et rembarre le cinéaste qui se moque. On y voit l’artiste dans les affres de la création, accouchant de Ponyo, sa petite fille-poisson. Houspillant son équipe, fumant cigarettes sur cigarettes, croquant des quantités de bonbons et enchaînant les cafés. Mais aussi le père en conflit avec son fils, le touchant Goro qui se lance dans la réalisation avec la pression qu’on imagine, et dont le premier film, Les Contes de Terremer, commence par un... parricide ! Depuis janvier, l’intégralité de la production des studios Ghibli, soit vingt et un films, a intégré le catalogue Netflix. Après le court-métrage Boro la petite chenille en 2018, Miyazaki qui frôle les quatre-vingts printemps, s’est lancé dans un nouveau film, Comment vivez-vous ?, adapté du livre de Genzaburo Yoshino paru en 1937. L’histoire d’un lycéen en quête de sens dans le Japon d’avant-guerre. Il préparerait aussi un autre long-métrage avec son fils.

J’aspire surtout à une société plus juste”