A l’air, libres !
« Un peu de surveillance, un peu de communication ciblée, et le bol d’air est assuré. »
Lundi, la France entre en liberté conditionnelle. Une sortie du confinement à tâtons, un pied dedans, un pied dehors. Pour tous mais pas partout. Dans la confusion générale et pour le bien commun : car le risque est bien réel. Il ne s’agirait pas de se prendre un effet boomerang, une deuxième vague de contamination qui ruinerait tous ces efforts laborieux, après 56 jours consignés à la maison. Nous connaîtrons plus en détail, dans l’après-midi, les modalités du plan d’Édouard Philippe. Jean Castex, énarque de terrain – ce n’est pas toujours contradictoire – passé par l’administration varoise à ses débuts, est son monsieur Déconfinement. On peut compter sur lui pour avoir soupesé chaque chapitre, chaque alinéa, sur une balance de haute précision, bien connue des gouvernants : celle qui équilibre les faits et la façon dont ils seront perçus. À ce propos, Matignon serait bien inspiré d’ouvrir, dès le 11 mai, l’accès aux plages. Ce n’est pas gagné. Mardi encore, le gouvernement en appelait devant les députés à « la prudence », censée être la mère de toutes les vertus. La secrétaire d’État Christelle Dubos enquillait, dans la même phrase, les mots « raisonnable », « vigilance » et « respect des règles de distanciation sociale ». Bref, elle restait aussi inflexible devant les portes de notre littoral, qu’un physionomiste de boîte de nuit, un samedi soir, face à des jeunes en baskets. Il en va de même pour les massifs forestiers : personne, dans les services de l’État, ne se bouscule pour confirmer le libre accès ce lundi, qui semblait pourtant garanti ces jours derniers. Benoîtement, on peut penser qu’il n’est pas si compliqué de calculer la bonne distance sociale, sur un sentier de randonnée, ou de poser sa serviette à vingt galets ou dix seaux de sable du voisin. Un peu de surveillance, un peu de communication ciblée, et le bol d’air est assuré. Plus facile en tout cas que de prendre un bus ou de se croiser dans un atelier exigu sans se frôler. Cette évidence est relevée par les auteurs de pétitions en ligne, noircies de dizaines de milliers de signatures, en faveur de la réouverture, sans plus attendre, de nos plages et de nos collines. Des députés LREM, comme la Varoise Sereine Mauborgne ou l’Azuréenne Alexandra ValettaArdisson, tout comme certains élus LR – Jean Léonetti (Antibes) ou Lionnel Luca (Villeneuve-Loubet) – réclament, avec des nuances (certains défendent la pratique sportive, d’autres la nage sans la bronzette), un changement de calendrier. Avec quasiment les mêmes mots que ceux qui s’y opposent : « respect des gestes barrière », mais aussi « civisme » et « responsabilité ». Bref, tout le monde est d’accord sur le raisonnement. Ne reste plus qu’à en tirer la même conclusion : à l’air, libres !