« Pour le spectacle, s’ouvre une période de convalescence »
Des finances à sec, des contrats à venir sur lesquels pend une épée de Damoclès nommée Covid-19. Et une toute petite structure. Autant dire que Cédric Gonnet, 42 ans, directeur artistique de la compagnie Art vivace - Les P’tites ouvreuses, attendait avec impatience les annonces gouvernementales pour la culture. Depuis sept ans, sa compagnie produit « des oeuvres originales, salarie des artistes, des techniciens, rémunère des créateurs et organise la diffusion de ces oeuvres ». Emmanuel Macron a notamment annoncé, hier, le prolongement d’une année – « jusqu’à fin août 2021 » – de la période de calcul des heures ouvrant les droits. Le chef de l’État a également souhaité un grand programme de commandes publiques : « Je veux qu’on mette le paquet. Pour les métiers d’art, les spectacles vivants, la littérature, les arts plastiques. »
Enthousiaste… mais critique
La première réaction de Cédric Gonnet, intermittent du spectacle depuis quinze ans, se veut positive voire « enthousiaste ». « Le Président a parlé de créativité, c’est la force de notre secteur qui a été un peu perdue. C’est intéressant qu’il évoque ce point-là. » Pour autant, le responsable de compagnie s’inquiète qu’on parle encore d’allocations. « Muriel Pénicaud, ministre du Travail, parle « d’activité » pour les travailleurs du bâtiment et « d’allocations » pour les travailleurs du spectacle vivant. Le problème actuel est une absence de réflexion sur « l’activité » de notre secteur. Nous sommes pourtant un pilier de l’économie française et azuréenne. » Envoyer les artistes dans les écoles ? C’est une des pistes suggérées par Emmanuel Macron, qui a prôné une « révolution de l’accès à la culture et à l’art ». Elle passerait par l’animation de petit groupe de dix enfants, une à deux heures par semaine.
« Démarche culturelle »
« Cela mérite réflexion, jauge Cédric Gonnet. La piste est intéressante. Mais elle va vite se heurter au fait qu’il y a déjà des intervenants, plus ou moins qualifiés, autour des écoles. Emmanuel Macron dit qu’on va s’occuper de nos jeunes, et non pas occuper nos jeunes. J’espère que le distinguo sera fait. Il faut mettre en place une véritable démarche culturelle. » L’intervention du chef de l’État a plutôt stimulé son envie, et son besoin vital, de créativité. Mais attention, prévient-il, il faudra que les organisateurs des gros festivals régionaux – « comme Jazz à Juan » – mettent leurs compétences au service de cette créativité. Et que les artistes s’engagent dans ce processus, le tout « accompagné par les mesures de l’État ». Pour lui, cette période qui s’ouvre dans le monde la culture est comme une forme de « convalescence ».