Un ambulancier varois a passé jours dans le coma
Le 3 avril, Philippe, est transporté dans un état grave à l’hôpital Sainte-Anne, où il est plongé dans le coma. Désormais en rééducation à Hyères, il réapprend à respirer et à se reconstruire
Il vit au jour le jour et ne se fixe pas d’objectifs à long terme. Depuis sa chambre de l’hôpital Renée-Sabran à Hyères, Philippe mesure le chemin parcouru depuis le mardi 31 mars. Ce jour où tout a basculé pour l’ambulancier au Smur de l’hôpital de Brignoles et adjudant-chef au centre de secours de la commune, victime du Covid-19. « Il me manque un moment de ma vie – les 17 jours que j’ai passé dans le coma à l’hôpital des armées SainteAnne, à Toulon –, mais le reste est à jamais gravé dans mon esprit. » À la fin du mois de mars, Philippe, 54 ans, ressent une fatigue extrême. « J’étais très essoufflé. J’avais des céphalées, des troubles digestifs. J’étais épuisé au point d’avoir des séances de sommeil de 48 heures. Avec ma femme, nous avons été testés positif au Covid-19. Mon fils avait quant à lui tous les symptômes .»
« Ça m’est tombé sur le coin de la gueule »
Mais l’état du Brignolais se dégrade rapidement. « Le 30 mars, j’apprenais que j’étais positif et le lendemain, ça n’allait pas du tout. Mon chef de service a insisté pour que j’aille aux urgences. J’ai rapidement été pris en charge en zone Covid à l’hôpital de Brignoles. Le scanner a confirmé que j’étais atteint et que je devais être placé en soins continus. Respirer était devenu quasi impossible. Cela m’est tombé sur le coin de la gueule. À ce moment-là, mon état était stable .» Deux jours plus tard, dans la nuit du 2 au 3 avril, la dégradation est aussi brutale que flagrante. « Mes bilans médicaux étaient pourris. L’anesthésiste a pris la décision de me plonger dans le coma. Ce fut un véritable coup de massue. Mais je lui en suis reconnaissant. Sans cela, je ne serais peut-être pas là, en centre de rééducation », explique-t-il. Le 3 avril, à la première heure, le quinquagénaire est transféré de toute urgence à l’hôpital SainteAnne, à Toulon, par le Samu.
« Le pronostic médical était très mauvais »
Au total, il va être hospitalisé pendant 21 jours, dont 17 de coma profond. « Il y a eu des complications puisque j’ai fait une embolie pulmonaire. Disons qu’il y a eu des hauts et des bas. Le pronostic médical, à mon sujet, était très mauvais .» Le 24 avril, après une phase de réveil en plusieurs étapes, Philippe sort enfin du service de réanimation toulonnais pour rejoindre celui des soins continus à Brignoles pendant cinq jours.
« La maladie a laissé des traces »
Depuis une semaine, il a rejoint le centre de rééducation de la presqu’île de Giens. Confiné dans sa chambre. « Je suis guéri, mais la maladie a laissé des traces » respiratoires, physiques et psychologiques. « J’ai une motivation à toute épreuve ! Je dois réapprendre à respirer. J’ai passé plusieurs semaines à le faire avec des machines. Il faut tout réapprendre et je n’imaginais pas que cela fasse travailler autant de muscles », ajoute-t-il. Il a vécu, lors de son combat à l’hôpital, des moments de lucidité où il se réveillait entouré de machines, avec des tuyaux dans la bouche. « C’est difficile à comprendre. Les phases de soins ont été très compliquées à vivre. C’est lourd .» Il évoque aussi l’éloignement avec sa famille, ses proches. « Ce n’est pas un moment facile d’être séparé des siens lorsque l’on est dans cette situation. » Le quinquagénaire a aussi perdu beaucoup de masse musculaire. « D’être alité pendant si longtemps a des conséquences... Je travaille aussi sur cette récupération avec un kiné. Il faut se reconstruire .»
Pour son petit-fils
Et se remettre sur pied psychologiquement aussi. Lui qui dit avoir toujours mis une carapace a revu son état d’esprit. « Ce que j’ai vécu est impossible à garder pour moi. Alors je parle. Je m’exprime plus qu’avant. C’est l’épisode 2 de la vie de Philippe, plaisante-t-il. Je ne veux plus regarder dans le rétroviseur. Je veux juste aller de l’avant. » Avec un objectif qui lui tient à coeur : « Quand la décision a été prise de me plonger dans le coma, avec les risques que cela comprend, je me suis promis d’être à l’anniversaire de mon petit-fils Eden, le 31 mai. C’est mon ange gardien. » Deux mois tout juste après le jour où tout a basculé.