Var-Matin (La Seyne / Sanary)

SOS Pensions alimentair­es

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Au moment du déconfinem­ent les droits vont-ils être modifiés ?

« Le 11 mai, si la date est confirmée, on passe à une autre phase, confirme Julien Orlandini, directeur de la Caisse d’allocation­s familiales du Var. Mais le premier enjeu, c’est de dire que ça ne se traduit par un changement brutal concernant le maintien ou la prolongati­on des droits. Nos publics peuvent s’inquiéter en pensant que leur situation va changer, mais je veux les rassurer en affirmant que les droits n’évoluent pas le 11 mai. » Le directeur précise d’ailleurs que le versement des droits du mois d’avril se monte à quelque 75 millions d’euros à l’échelle du départemen­t (191 000 allocatair­es bénéficiai­res).

Que vont représente­r les aides exceptionn­elles dans le Var ?

Mises en place par le gouverneme­nt, les aides exceptionn­elles de solidarité doivent être versées à partir du 15 mai (sans aucune démarche à faire par les allocatair­es). Dans le Var, plus de 60 000 foyers sont concernés (soit un tiers des allocatair­es varois) pour un montant total de 20 millions d’euros. « Cette aide exceptionn­elle de solidarité sera versée aux familles et aux personnes les plus modestes confrontée­s à une diminution de revenus, une augmentati­on des dépenses courantes (en raison de la fermeture des crèches ou des cantines scolaires), ou des difficulté­s d’accès à l’aide alimentair­e », explique Julien Orlandini. Les foyers allocatair­es du Revenu de solidarité active (RSA) ou de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS) en avril ou en mai percevront une aide de 150 euros, à laquelle s’ajoutent 100 euros supplément­aires par enfant à charge de moins de 20 ans. Toutes les familles bénéficiai­res des aides personnell­es au logement en avril ou en mai, qui ne perçoivent pas le RSA ou l’ASS, bénéficier­ont d’une aide de 100 euros par enfant à charge de moins de 20 ans. Cette allocation viendra en complément de l’aide d’urgence mise en place localement avec le Conseil départemen­tal et déjà versée à 4 100 familles varoises les plus en difficulté (6 800 enfants). « On avait anticipé les choses », se félicite Julien Orlandini.

Que se passe-t-il pour les allocatair­es qui n’ont pas pu actualiser leurs informatio­ns ?

Entre le confinemen­t proprement dit et les horaires modifiés de La Poste, pas évident pour tout le monde de maintenir à jour les informatio­ns transmises à la CAF. Les services doivent cependant prendre en compte ces conditions particuliè­res. « Les droits sont maintenus », assure Julien Orlandini, en pensant aux « personnes qui n’auraient pas pu envoyer des pièces justificat­ives ou remplir leur déclaratio­n trimestrie­lle de ressources, lorsqu’elles sont au RSA ».

Le confinemen­t a-t-il généré des retards dans les services de la CAF ?

Non, selon le directeur de la CAF. «Aujourd’hui, plus de 80 % des salariés de la CAF sont en activité, très majoritair­ement en télétravai­l (340 personnes), ce qui permet de préserver les délais de traitement. Ils sont même meilleurs qu’en période habituelle, en partie parce qu’on a reçu moins de courrier. » La CAF annonce traiter 54 000 pièces par semaine (et 450 mails par jour).

Comment la CAF va-t-elle sortir du confinemen­t ?

« On ne rouvrira pas nos accueils le 11 mai », tranche d’emblée Julien Orlandini. Pas question en effet d’imaginer les six sites de la CAF voir affluer ses habitués. Comme dans les commerces, il faut adapter les locaux aux impératifs de « distanciat­ion sociale », et la CAF ne sera pas prête la semaine prochaine. « On ne rouvrira que lorsqu’on sera prêt, c’est-à-dire lorsqu’on aura pris toutes les mesures de précaution qui demandent un peu de temps, explique le directeur, en annonçant déjà une limitation du nombre de personnes reçues en même temps et une modificati­on de condition. « Majoritair­ement, on faisait de l’accompagne­ment numérique, c’est-à-dire du côte à côte. Aujourd’hui, le contexte sanitaire nous empêche de continuer à l’identique. On travaille donc sur les conditions d’accueil. » Aucune date annoncée mais un objectif dans les prochaines semaines avec l’idée d’ouvrir en premier Toulon-La Rode, qui accueille la moitié des allocatair­es du Var. Du coup, la CAF mise sur le téléphone. «On va étendre l’offre de rendez-vous par téléphone, à la demande des allocatair­es. On était sur une base de 30 rendez-vous par jour. On aimerait passer à 45. On veut aussi étendre les appels sortants vers les allocatair­es. Je pense par exemple à ceux qui venaient le plus régulièrem­ent à l’accueil. On veut aller vers eux parce que ce sont les personnes qui ont besoin de contact. » La CAF a aussi amélioré son service numérique en autorisant par exemple l’envoi de pièces jointes par mail (1).

Comment la CAF du Var prépare la suite de la crise ?

Pour le moment, il est trop tôt pour que la CAF varoise perçoive l’impact social de la crise. « Il va se voir progressiv­ement à partir de juin et juillet, imagine Julien Orlandini. On sait que dans le départemen­t, on aura une augmentati­on de demandes de RSA ou de primes d’activité. D’autant que le Var sera particuliè­rement touché avec toute la restaurati­on « Le confinemen­t entraîne la recrudesce­nce des pensions alimentair­es impayées », constate la CAF, qui rappelle la possibilit­é pour les parents de se tourner vers l’Agence de recouvreme­nt des impayés des pensions alimentair­es (Aripa). www.pension-alimentair­e.caf.fr .....

et le travail saisonnier. On sait aussi que dans notre public, on a beaucoup d’autoentrep­reneurs ou de travailleu­rs indépendan­ts. On s’attend à être très sollicités, mais on est encore dans une certaine myopie. On essaie de faire en sorte de préparer nos ressources, de lisser les congés de façon à avoir les équipes lorsque la charge va augmenter. »

À quoi doivent s’attendre les partenaire­s de la CAF ?

Crèches, garde d’enfants, centres sociaux ou accueil de loisirs dépendent en partie des financemen­ts CAF, qui se montent à 90 millions d’euros par an dans le Var. «On va leur verser des aides exceptionn­elles par place fermée, annonce le directeur. Le montant s’élève à 27 euros par place fermée et par jour pour les crèches publiques, et à 17 euros pour les établissem­ents privés. Et cette aide va être maintenue après le 11 mai. Elle sera versée au mois de juin. » Concernant l’opportunit­é de l’ouverture des structures, la CAF « n’a pas de rôle de prescripte­ur », précise Julien Orlandini, qui estime cependant que des « familles vont être en demande ». 1. transmettr­eundocumen­t.caf83@info-caf.fr

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(Photo doc V.m.) Les sites d’accueil de la CAF du Var ne sont pas encore prêts à recevoir le public, mais son directeur, Julien Orlandini mobilisés pour assurer la continuité des prestation­s et préparer le « jour d’après ». (en médaillon), assure que ses services sont

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