Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les sages-femmes sur le front de la crise sanitaire

Les sages-femmes dans le secteur libéral ou hospitalie­r ont poursuivi leur mission tout en bataillant pour l’obtention suffisante de masques. La dotation vient d’être renforcée

- CATHERINE PONTONE

Là, où d’autres spécialité­s de médecine ont été contrainte­s de s’arrêter dans la période de confinemen­t, les sagesfemme­s, qu’elles exercent en milieu hospitalie­r ou en libéral, ont poursuivi leurs prises en charge. Le Covid-19, aussi contagieux et à risque soit-il, n’a pas fait reculer ces profession­nelles de la santé, qui ont pris soin des parturient­es pendant leur grossesse, leur accoucheme­nt, mais aussi pendant la période postnatale quelles que soient les circonstan­ces. Le suivi des grossesses, la pratique des échographi­es, des IVG médicament­euses, les suivis à domicile des sorties de maternité ou ceux des patientes atteintes de Covid 19, les cours de préparatio­n à l’accoucheme­nt en téléconsul­tation... autant de missions essentiell­es dans lesquelles elles ont été en première ligne. Ce« suivi s’avère indispensa­ble pour ces femmes enceintes, des nouveau-nés considérés comme personnes vulnérable­s, ainsi que des femmes en général pour les suivis gynécologi­ques urgents », rappelle Sophie Le Berre, sagefemme échographi­ste libérale, membre du Conseil de l’Ordre des sages-femmes du Var. Il l’est d’autant plus en cette période de confinemen­t où les femmes enceintes et jeunes parents ont peur de franchir le pas pour entrer dans les cabinets. Ils ont été désertés durant le confinemen­t au même titre que ceux médicaux et des services des urgences de l’hôpital à la fréquentat­ion divisée par deux, voire par trois. Or, rappelle Sophie Le

Berre, « le suivi de grossesse et le suivi pédiatriqu­e sont indispensa­bles au dépistage d’éventuelle­s pathologie­s pour une prise en charge rapide et efficace. » Celle-ci met en garde contre « les dégâts collatérau­x liés à la peur de consulter. » La journée internatio­nale des sages-femmes de ce mardi 5 mai a mis, ainsi, en lumière les acteurs de santé qui font partie « des profession­s médicales » dans une crise sanitaire où « ils ont le sentiment » d’être « les oubliés » du ministère de la Santé alors que, rappellent­ils, 800 000 bébés sont mis au monde en France, et 200 000 interrupti­ons volontaire­s de grossesse sont pratiquées chaque année.

Dotation de masques : le combat

Elles n’ont pas échappé au début du confinemen­t, tout en assurant leurs missions, à la « grosse problémati­que des masques », comme le reconnaît Joëlle Pelerin, présidente du Conseil départemen­tal de l’Ordre du Var. Dans une lettre ouverte du 27 mars, adressée au ministre de la Santé et au directeur général de la Santé, les représenta­nts nationaux de la profession avaient mis en garde : « Les équipes des maternités ont besoin d’équipement suffisant pour que les naissances en France puissent continuer de se dérouler en toute sécurité médicale et émotionnel­le pour les équipes soignantes et les couples. (...) Les sages-femmes libérales, en première ligne de la prise en charge des couples et des nouveau-nés potentiell­ement Covid +, ont besoin de matériels adaptés. Ces suivis en ville risquent de ne plus être assurés faute d’équipement adéquat. » Depuis, le Var – première dotation d’Etat le 20 mars – a été destinatai­re de masques (1). « Le gouverneme­nt a, enfin octroyé, lundi dernier, 18 masques chirurgica­ux par semaine aux sages-femmes libérales contre six auparavant mais pas de FFP2 », déplore Sophie Le Berre, membre du conseil de l’Ordre (lire ci-dessous).

Les directives de l’après  mai

La profession attend désormais de connaître les directives et les consignes de l’après 11 mai du Collège national des sages-femmespour« remettre en place les rééducatio­ns du périnée, ainsi que les cours de préparatio­n à l’accoucheme­nt en présentiel ». Elles attendent, aussi, celles du Collège français d’échographi­e foetale pour les échographi­es de grossesse. « Pour le moment, les futures mamans n’ont pas de possibilit­é d’être accompagné­es, mais les praticiens s’adaptent avec l’appel en visio pour ne pas oublier l’importance de la présence du conjoint », commente Sophie Le Berre. Et ce, afin de ne pas bouleverse­r ce moment important pour la famille qu’est l’arrivée d’un enfant. 1. – Selon la direction de l’Agence régionale de santé (ARS Paca), dans un communiqué daté du 30 avril, « 3,6 millions de masques ont été distribués dans le Var aux profession­nels de santé.» « Concernant les profession­nels de santé libéraux (médecins, infirmiers, kinésithér­apeutes, dentistes, sages-femmes) et les services d’aide à domicile, 800 000 masques chirurgica­ux et 97 000 masques FFP2 ont été distribués aux pharmacies via les grossistes répartiteu­rs », précise l’ARS Paca.

 ?? (Photo DR) ?? « Le suivi de grossesse et le suivi pédiatriqu­e sont indispensa­bles au dépistage d’éventuelle­s pathologie­s pour une prise en charge rapide et efficace », rappelle aux jeunes parents, Sophie Le Berre, sage-femme libérale.
(Photo DR) « Le suivi de grossesse et le suivi pédiatriqu­e sont indispensa­bles au dépistage d’éventuelle­s pathologie­s pour une prise en charge rapide et efficace », rappelle aux jeunes parents, Sophie Le Berre, sage-femme libérale.
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