Les sages-femmes sur le front de la crise sanitaire
Les sages-femmes dans le secteur libéral ou hospitalier ont poursuivi leur mission tout en bataillant pour l’obtention suffisante de masques. La dotation vient d’être renforcée
Là, où d’autres spécialités de médecine ont été contraintes de s’arrêter dans la période de confinement, les sagesfemmes, qu’elles exercent en milieu hospitalier ou en libéral, ont poursuivi leurs prises en charge. Le Covid-19, aussi contagieux et à risque soit-il, n’a pas fait reculer ces professionnelles de la santé, qui ont pris soin des parturientes pendant leur grossesse, leur accouchement, mais aussi pendant la période postnatale quelles que soient les circonstances. Le suivi des grossesses, la pratique des échographies, des IVG médicamenteuses, les suivis à domicile des sorties de maternité ou ceux des patientes atteintes de Covid 19, les cours de préparation à l’accouchement en téléconsultation... autant de missions essentielles dans lesquelles elles ont été en première ligne. Ce« suivi s’avère indispensable pour ces femmes enceintes, des nouveau-nés considérés comme personnes vulnérables, ainsi que des femmes en général pour les suivis gynécologiques urgents », rappelle Sophie Le Berre, sagefemme échographiste libérale, membre du Conseil de l’Ordre des sages-femmes du Var. Il l’est d’autant plus en cette période de confinement où les femmes enceintes et jeunes parents ont peur de franchir le pas pour entrer dans les cabinets. Ils ont été désertés durant le confinement au même titre que ceux médicaux et des services des urgences de l’hôpital à la fréquentation divisée par deux, voire par trois. Or, rappelle Sophie Le
Berre, « le suivi de grossesse et le suivi pédiatrique sont indispensables au dépistage d’éventuelles pathologies pour une prise en charge rapide et efficace. » Celle-ci met en garde contre « les dégâts collatéraux liés à la peur de consulter. » La journée internationale des sages-femmes de ce mardi 5 mai a mis, ainsi, en lumière les acteurs de santé qui font partie « des professions médicales » dans une crise sanitaire où « ils ont le sentiment » d’être « les oubliés » du ministère de la Santé alors que, rappellentils, 800 000 bébés sont mis au monde en France, et 200 000 interruptions volontaires de grossesse sont pratiquées chaque année.
Dotation de masques : le combat
Elles n’ont pas échappé au début du confinement, tout en assurant leurs missions, à la « grosse problématique des masques », comme le reconnaît Joëlle Pelerin, présidente du Conseil départemental de l’Ordre du Var. Dans une lettre ouverte du 27 mars, adressée au ministre de la Santé et au directeur général de la Santé, les représentants nationaux de la profession avaient mis en garde : « Les équipes des maternités ont besoin d’équipement suffisant pour que les naissances en France puissent continuer de se dérouler en toute sécurité médicale et émotionnelle pour les équipes soignantes et les couples. (...) Les sages-femmes libérales, en première ligne de la prise en charge des couples et des nouveau-nés potentiellement Covid +, ont besoin de matériels adaptés. Ces suivis en ville risquent de ne plus être assurés faute d’équipement adéquat. » Depuis, le Var – première dotation d’Etat le 20 mars – a été destinataire de masques (1). « Le gouvernement a, enfin octroyé, lundi dernier, 18 masques chirurgicaux par semaine aux sages-femmes libérales contre six auparavant mais pas de FFP2 », déplore Sophie Le Berre, membre du conseil de l’Ordre (lire ci-dessous).
Les directives de l’après mai
La profession attend désormais de connaître les directives et les consignes de l’après 11 mai du Collège national des sages-femmespour« remettre en place les rééducations du périnée, ainsi que les cours de préparation à l’accouchement en présentiel ». Elles attendent, aussi, celles du Collège français d’échographie foetale pour les échographies de grossesse. « Pour le moment, les futures mamans n’ont pas de possibilité d’être accompagnées, mais les praticiens s’adaptent avec l’appel en visio pour ne pas oublier l’importance de la présence du conjoint », commente Sophie Le Berre. Et ce, afin de ne pas bouleverser ce moment important pour la famille qu’est l’arrivée d’un enfant. 1. – Selon la direction de l’Agence régionale de santé (ARS Paca), dans un communiqué daté du 30 avril, « 3,6 millions de masques ont été distribués dans le Var aux professionnels de santé.» « Concernant les professionnels de santé libéraux (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, dentistes, sages-femmes) et les services d’aide à domicile, 800 000 masques chirurgicaux et 97 000 masques FFP2 ont été distribués aux pharmacies via les grossistes répartiteurs », précise l’ARS Paca.