À Copenhague, déjà deux semaines d’école pour Sofia
Originaire du Muy, Marie, installée au Danemark, a vécu la réouverture des écoles dès le 15 avril. Entre inquiétudes et habitudes bouleversées, elle fait part de l’expérience de ses deux enfants
Alors que la réouverture progressive des écoles prévue pour ce 12 mai soulève tant d’inquiétudes et d’interrogations, un pays en Europe s’est déjà lancé. Après leur fermeture décidée le 11 mars, les écoles danoises ont rouvert leurs portes, sous conditions sanitaires strictes et sur la base du volontariat, le 15 avril. De quoi inquiéter, forcément, tout parent, à l’image de Marie Jaegly, originaire du Muy et installée au Danemark, à Copenhague, depuis plus de dix ans avec son époux, le Tchèque Jan Kollar.
Des classes divisées en deux
Leur fille Sofia, 7 ans, a repris le chemin de son école – la « European School Copenhagen » – il y a déjà deux semaines, « et ça se passe plutôt bien. Elle était contente de retrouver ses copines », même si les nouvelles conditions amènent de nouvelles contraintes. « Déjà, les parents ne rentrent plus dans l’établissement, explique Marie. On dépose les enfants le matin à une heure précise, et ils montent directement dans leur classe : il y a même des assistants pédagogiques dans la cour avec talkieswalkies pour s’assurer que tout se passe bien. » Les classes sont divisées en deux, pour assurer la distance entre les élèves, « qui ne fréquentent que ce petit groupe. On nous demande aussi de n’inviter à la maison que les copains de ce groupe-là. Ils ne peuvent pas se prêter les crayons et autre fournitures scolaires, donc on nous rappelle de bien vérifier qu’ils aient tout avec eux. » La cantine est longtemps restée fermée. « Elle n’a rouvert que ce lundi, et nous ne l’avons d’ailleurs appris qu’au retour de l’école de Sofia. Les enfants devaient amener leur boîte de déjeuner, mais ici, c’est très normal, peu d’écoles ont des cantines. » Autant de précautions qui pourraient inquiéter Sofia, mais « elle ne donne pas l’impression d’être trop impressionnée. Les enseignants et le personnel font de leur mieux pour dédramatiser, avec les enfants en tout cas. Et comme à la maison on ne regarde pas la télé, elle n’a pas trop entendu de messages anxiogènes. »
« Plutôt ennuyeux »
En revanche, la jeune fille trouve tout cela « plutôt ennuyeux, parce qu’elle est tout le temps dans la même classe. Normalement, il y a des activités variées, là, c’est beaucoup plus limité. » Alex, 4 ans, le petit frère de Sofia, a, de son côté, patienté deux semaines de plus. Il vient de retourner, ce lundi, lui aussi à l’école. « Il disait préférer rester à la maison, mais quand son institutrice est venue le chercher, il avait un grand sourire ! Et ça se passe comme pour sa grande soeur : en petits groupes, moins de jouets, nettoyage tout le temps, et dehors autant que possible. » De leur côté, les parents, « forcément toujours un peu inquiets », sont en contact régulier avec les enseignants, « par l’intermédiaire de l’intranet de l’école. On a une appli sur laquelle on peut envoyer des messages ». Face à une situation à ce point inédite, les consignes évoluent régulièrement : « Nous sommes inondés de recommandations de l’école et des autorités, des rappels aux règles ou des modifications dans les règles… Après chaque annonce du gouvernement il y a des ajustements
Le Danemark est peuplé de 5,9 millions d’habitants, soit un peu plus, par exemple, que la région Paca (5 millions d’habitants). Premier pays d’Europe à avoir imposé un confinement, le Danemark déplore à ce jour près 500 décès dus au Covid-19. À titre de comparaison, la maladie en a causé 746 en région Paca.
et des nouveaux protocoles… »
« Un travail énorme pour les enseignants »
Marie confie que c’est « lourd pour les parents, mais ça doit surtout être un travail énorme pour les enseignants, on voit bien que ça demande beaucoup d’implication de leur part ! Ce doit être un travail dingue pour la directrice… » Enfin, quand on lui demande quel conseil elle aurait à donner aux enfants, parents ou enseignants, Marie opte pour la sagesse : « Je trouve qu’il y a tellement de conseils à suivre partout ces temps-ci… Je vois que le niveau d’anxiété des gens varie tellement par rapport aux mêmes choses. Le seul conseil que je peux donner, c’est de faire ce avec quoi on est à l’aise soi-même. » Un précepte à retenir autour des écoles de France ce mardi 12 mai ?