Reprise : les traiteurs sont loin d’être à la fête
La corporation des bouchers-charcutiers-traiteurs du Var aborde la « crise de l’aprèsconfinement » et admoneste un ministre qui les a oubliés au profit de la grande distribution
Boucher-charcutiertraiteur durant 28 ans à Sainte-Maxime, JeanDaniel Tavé met à profit ses belles années de retraité pour défendre sa corporation éprouvée depuis la pandémie. « Les traiteurs ont vraiment été touchés de plein fouet, dont de grosses enseignes comme Matyasy sur l’ère ouest varoise... Certains se posent même la question de redémarrer ou pas...», énonce, l’air soucieux, ce multi-élu à l’échelle départementale (président de l’Union des artisans bouchers et de la Confédération générale de l’alimentation de détail).
Mariages & co... rien avant le août
« L’activité traiteur représente 60 % de mon chiffre d’affaires, confirme son homologue maximois, Fabrice Pouzadoux, dont le commerce se situe place du Marché. Ce dernier dispose également d’une salle de réception pour anniversaires et mariages à la Z.A. du Camp Ferrat. Pour l’heure jusqu’au 15 août nous n’avons aucune réservation sur cette offre. J’ai donc cinq employés en chômage partiel et deux sur cinq le sont aussi en boucherie », ajoute-t-il. « Il faut abolir cette limite des 100 km. L’activité ne reprendra jamais sans le tourisme. Nous avons trop de commerces par nombre d’habitants pour que tous fonctionnent sans cet apport de population », estime M. Tavé également coiffé de sa casquette de vice-président régional de l’Union des entreprises de proximité (U2P) qui représente 63 440 professionnels dans le Var. Ne pas éluder non plus les effets d’une crise « en décalé »... Avec les restrictions de rassemblements, adieu barbecues et autres buffets festifs. « C’est vrai que les gens vont avoir tendance à moins se recevoir. Il faut savoir être raisonnable et en comité réduit...», conseille Jean-Daniel
Tavé qui veut voir malgré tout des « étincelles » de reprise dans cet obscur tunnel. « Faute de vendre aux restaurateurs, les pêcheurs du coin ont par exemple fait la démarche de proposer leur pêche par SMS et livrent les clients », détaille-t-il en montrant son smartphone avec liste de poissons disponibles et tarifs au kilo.
Maladresse ministérielle
Son voeu pour les prochaines semaines ? « Que tout le monde reprenne confiance, et que plages, restaurants, cafés rouvrent vite ! ». Signe que le secteur y croit, « malgré toutes les difficultés rencontrées par nos artisans, ils ont maintenu leur personnel d’apprentis », positive M. Tavé qui en profite pour remercier la clientèle qui n’a pas abandonné les petits commerçants. Sans décolérer sur ce temps où le gros des louanges allait à la grande distribution, avec notamment un ministre de (lire par ailleurs) qui saluait son « patriotisme alimentaire ». Sans un mot pour les artisans et leurs salariés. Pourtant également au front quotidiennement pour assurer ce même besoin fondamental.