Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Grandes salles et terrasses pour sauver les bistrots

Dans l’attente d’annonces officielle­s, la brasserie Mireille de Brignoles se déconfine en anticipant de son côté. Malgré une légère baisse de fréquentat­ion attendue, on garde le moral

- ALEXANDRE REYNAUD

Au centre de Brignoles, sur la place SaintLouis, la brasserie Mireille a tiré son rideau de fer depuis onze semaines. Alors que les établissem­ents pourraient rouvrir le 2 juin, le personnel commence déjà à s’affairer. On contacte les fournisseu­rs et s’apprête à tout remettre en route. « Nous allons revenir jeudi et vendredi pour tout remettre en place, détaille Alain Sabates-Giraud, à la tête de l’établissem­ent. On va bien espacer les tables et diviser par deux les places assises, 72 au lieu de 144. On a de la chance d’avoir de la place, que ce soit à l’intérieur dans la salle ou en terrasse. C’est dans des moments comme ça que l’on se rend compte que l’on a un bel établissem­ent. »

« Ça va forcément repartir ! »

Si pour l’instant, les mesures sanitaires imposées restent assez floues, les profession­nels ont d’ores et déjà anticipé de leur côté. « J’ai tout prévu : les masques, gel hydroalcoo­lique, le plexiglas pour la caisse… On va supprimer les cartes et passer à l’ardoise, poursuit-il. Enlever les salières pour des salières jetables. Mais aussi condamner les toilettes. » Pas de révolution en matière de protection. À Brignoles, on ne tente pas de plexiglas en forme de cloche au-dessus des tables ou des vitres comme à l’accueil de certains guichets. « Les gens viennent au restaurant pour être ensemble, rappelle le restaurate­ur. La question que l’on peut se poser, c’est de condamner le comptoir en revanche. Mais on ne sait rien à l’avance… »

En ce qui concerne l’affluence, on est plutôt du genre à positiver. « Les habitués vont reprendre leur routine ». Seule la partie restaurati­on ouverte uniquement le midi pourrait être touchée. « Avec le télétravai­l, on pense perdre 20 à 30 %. La partie brasserie devrait se maintenir. Quand on voit ce qui se passe sur la côte, c’est la folie ! Ça va forcément repartir, martèle-t-il. Après, il y a aura des gens qui risquent d’être frileux au début. Si la demande se présente, on se réserve la possibilit­é de faire des plats à emporter. » Malgré un manque à gagner évident, les prix resteront inchangés. Pas de compensati­on dans les additions. Au Mireille, on regarde toujours le verre à moitié plein : « L’essentiel c’est que l’on ouvre à nouveau. Les quatre employées sont au chômage partiel (deux en cuisine, deux en salle). Il faut qu’elles bossent. Elles n’en peuvent plus de rester à la maison. »

L’inaugurati­on d’une nouvelle table reportée

Pendant cette période de fermeture forcée, Alain SabatesGir­aud est passé de la machine à café aux rouleaux et autres outils. À quelques mètres du Mireille, il prépare l’ouverture de son deuxième établissem­ent, un bistrot italien. Si les peintures à l’intérieur commencent à donner de l’allure à la future salle, il est trop tôt pour se lancer dans le grand bain. Les fournisseu­rs, eux aussi touchés, n’ont pu livrer le mobilier dans les temps. « Les travaux ont pris du retard. On n’ouvrira qu’en septembre, annonce-t-il. Il vaut mieux faire quelque chose de bien pour l’occasion. » La petite taille de l’établissem­ent (une quarantain­e de places assises) n’est pas propice à cette période de retour à la normale. Le manque de place limiterait le nombre de couverts et empêcherai­t ainsi de rentrer dans les frais. Pendant cette période de transition, les restaurant­s de petite taille, avec des crédits à rembourser, ont pris du plomb dans l’aile. À l’inverse, les affaires qui tournent devraient mieux s’en sortir dès la reprise. Seul un vrai retour à la normale permettrai­t à tous les restaurate­urs de souffler. Mais pour cela il va falloir être patients et avoir les reins solides car la plupart des courriers aux assurances restent lettre morte.

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(Photo A. R.) Sourire de rigueur, Alain Sabates-Giraud attend avec impatience le feu vert pour rouvrir la brasserie Mireille à Brignoles.
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