Après le confinement : des parents au bord du burn-out
Les soignants constatent que les jeunes patients suivis dans les centres médico-psychologiques ont plutôt bien vécu le confinement. Contrairement à certains parents, éducateurs ou enseignants
Malgré les inquiétudes exprimées au début du confinement par les professionnels des centres médico-psychologiques (CMP) pour enfants et adolescents, la période de confinement ne semble pas avoir eu les conséquences désastreuses redoutées. « À cause de la rupture de certains soins et malgré le suivi à distance que nous avons mis en place, on pouvait redouter plus de passages l’acte, des maltraitances directes, de tentatives de suicides… Mais cela n’a pas été si fréquent » explique le Dr Philippe Garcia, pédopsychiatre au centre hospitalier Henri-Guérin à Pierrefeu. Il avance une première explication. « L’environnement des adolescents est devenu exceptionnel : pas d’école, des parents plus disponibles, beaucoup de prévention de la part des institutions. Certains se sont sentis à une meilleure place, plus écoutés, plus sécurisés. » Comme l’Éducation nationale, qui a perdu tout contact avec 8 à 10 % de ses élèves, les CMP pédopsychiatriques ont cependant perdu de vue, dans la même proportion, une petite partie des patients inscrits dans leurs files actives au début du confinement. Ils ne donnent plus de nouvelles et suscitent beaucoup d’inquiétudes du côté des soignants, tempérant ainsi un constat globalement plutôt positif.
Des cas de burn-out parental
La surprise vient d’un côté où on ne l’attendait pas forcément. «Depuis le début du déconfinement, souligne en effet le Dr Garcia ,ona beaucoup d’appels de parents, d’enseignants ou d’éducateurs littéralement épuisés, des cas de burn-out parental. Ce sont des personnes qui ont du mal à reprendre le travail, à retisser les liens familiaux ou sociaux. La reprise de l’école et de quelques sorties permet à ces genslà de souffler un peu et de venir demander de l’aide. » Le Dr Garcia s’attend à une montée en puissance de ce type de demande, alors même que ces familles ont assez peu utilisé les numéros de téléphone disponibles durant le confinement. Il pense notamment à certaines professions en première ligne, à commencer par les soignants, dont beaucoup sont également parents. « L’hyperadaptation à un quotidien morbide et mortifère, la mise à distance de leurs foyers d’attachements, l’oubli parfois d’eux-mêmes pour tenir et assurer leurs missions exposées les confrontent aujourd’hui à une réalité post-critique difficile et à une baisse d’énergie parfois brutale, explique le pédopsychiatre. Ces parents, ces chauffeurs, ces commerçants et soignants peuvent se retrouver en situation de parentalité ou de conjugalité vulnérable. » Pour l’heure, il semble donc que « les enfants et les adolescents ont presque mieux vécu ce confinement que les adultes qui s’en sont occupés, même si cela reste à affiner car nous ne sommes qu’aux premiers temps du déconfinement. » Cela amène donc les CMP à dégager du temps pour ces familles qui ont besoin d’aide, de soutien et parfois d’une prise en charge. « Nous insistons actuellement dans les CMP pour enfants et adolescents sur cet accueil familial spécifique. Pour les situations les plus aiguës,