Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le blues des forains

- S. B.

Sur le marché, le samedi, les chalands arborent le sourire, servent et renseignen­t le client. Mais derrière les apparences se cache une vérité amère : la crise du Covid laisse des traces, en mettant en péril certains marchands. Interrogés sur leurs possibilit­és d’écouler leurs marchandis­es durant le confinemen­t, les réponses divergent. Certains ont cherché à se préserver : le drive sur l’exploitati­on a été un bon moyen. « Nous avons pu livrer des poulets, explique un marchand. Nous avons appelé nos clients grâce aux cartes de fidélité ». De même, une livraison de pâtes et de fromages a pu se faire, toujours grâce aux fichiers clients, pour un commerçant en place depuis 15 ans. Les pâtisserie­s orientales, elles, ont été données aux voisins et amis. Pour les vêtements, La Poste étant fermée, les tentatives de commande par Facebook, Messenger ou Instagram ont été abandonnée­s. Par contre, des commandes

ont pu être traitées par ces moyens pour la vente en drive de plantes à fruits, puis, lorsque la dérogation a été obtenue, de plantes à fleurs. Reste que la réalité est noire : « Seules les activités de plus de deux ans d’existence ont été aidées par l’Etat » déplore un forain, « Les cotisation­s de l’URSSAF ont été reportées en août, et non annulées ».

Le mécontente­ment contre les grandes surfaces est palpable, d’autant que cellesci ont eu le monopole sur l’alimentair­e, le vêtement, et « jusqu’à la vente du muguet », qui a privé les fleuristes de stock. Les collection­s hiver ne peuvent plus être vendues, « à part pour le soir ». Certains grossistes de Marseille n’ayant rien reçu, les vendeurs de vêtements qui s’y fournissai­ent ont dû

se tourner vers internet pour acheter leur nouvelle collection. Et maintenant, pour aggraver les choses, certains marchés voient des titulaires [des places NDLR] refusés « étant donné l’espace à maintenir entre les stands. ». Tous s’accordent pour le dire : dans cette crise, «ily a eu deux poids, deux mesures ».

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(Photo S. B.) Le marché a doucement repris dans les rues de Carcès mais les forains ne cachent pas leur amertume.

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