“Nous ferons de Fréjus une ville durable et innovante” Conseil municipal
David Rachline a été réélu hier soir maire de la cité romaine. Dans un discours mordant, il a taclé les « généraux des batailles perdues » et tracé ses perspectives
Est-ce que quelqu’un souhaite se présenter pour le poste de maire ? » En plein conseil municipal d’installation, la question posée par le doyen de l’assemblée paraît incongrue. La réponse, en revanche, fuse sans surprise : « Oui, moi ! » Les têtes se tournent vers David Rachline, tout sourire, habillé d’une humilité de circonstance. Dans les rangs de l’opposition, un autre micro s’allume : « Je suis candidat, Monsieur le doyen. » Pascal Pipitone se penche vers son voisin de droite. Les lèvres de l’élu aux cheveux blancs articulent une interrogation muette. Une voix lui glisse le nom de celui qui vient de parler : « Emmanuel Bonnemain. » Il y a donc deux prétendants pour un scrutin joué d’avance. Le maire sortant récolte 36 bulletins contre quatre pour son adversaire (1). Affaire pliée.
Hommage aux soignants
Écharpe sur l’épaule, l’ancien porte-parole de Marine Le Pen adresse un « double merci » àses colistiers. Puis attaque, avec un débit de mitraillette, un discours multipliant les hommages. « Je voudrais tout d’abord avoir une pensée pour tous ceux qui ont perdu des proches du fait de l’épidémie de Covid-19, commence le premier magistrat. Ma deuxième pensée va à l’ensemble du personnel soignant, et notamment à celui de l’hôpital Bonnet, qui a été en première ligne et l’est encore. Je regrette qu’il ait fallu cette crise pour que nos dirigeants se rendent compte de l’importance de notre système hospitalier, qui n’est pas un gisement d’économies mais un gisement de talents. J’espère que les conséquences en seront tirées. »
Premières flèches
Revenant sur les actions menées par sa municipalité pendant le confinement, « quasiment dès le lendemain de l’élection », puis depuis le 11 mai, il revendique sa « nécessaire prudence concernant la réouverture des écoles ». « J’ai considéré que nos enfants devaient être protégés au mieux, et que nous n’avions pas [au début du déconfinement] toutes les garanties pour un retour en classe en toute sécurité, martèle-t-il. La situation a évolué et, en ces périodes de crise, l’enjeu majeur est de savoir s’adapter. C’est pourquoi les écoles rouvriront progressivement dès la semaine prochaine, avec certaines restrictions. » Il s’interrompt, fronce les sourcils et décoche les premières flèches de sa mandature. « Je sais qu’il y a toujours quelques généraux des batailles perdues pour vous expliquer que si vous avez fait blanc, il fallait faire noir, grince-t-il. Et qui vous auraient, de la même façon, expliqué que si vous aviez fait noir, il aurait fallu faire blanc. Je les renvoie à la lecture du philosophe Cioran, et notamment de son livre La Tentation d’exister. On dit parfois que la grandeur en politique est de savoir rester dignes dans la défaite ; ce n’est visiblement par leur cas. » Sur son siège, le « général Bonnemain » encaisse sans sourciller.
L’impact sur le budget
Le maire poursuit en affichant sa feuille de route : « Agir pour limiter localement les effets de la crise économique et sociale qui s’annonce, dans la mesure de nos compétences et de nos possibilités. [...] Ces mesures ont un coût, qui s’ajoute à la perte importante de recettes que nous allons connaître. Cela va avoir un impact de plusieurs millions, cette année et sans doute dans les deux prochaines. Nous sommes en train de revoir profondément notre projet de budget, mais je voulais d’ores et déjà vous faire part d’une conviction profonde : quand nos excédents de fonctionnement baissent, la logique budgétaire veut que nous réduisions notre investissement. Mais c’est bien la dernière chose à faire ! » Et l’édile de promettre : « Nous ferons de Fréjus une ville durable et innovante. En ce domaine, les projets ne manquent pas. [...] J’ai la chance, pour les mener, d’avoir avec moi une équipe talentueuse et soudée. Nous le ferons avec coeur, avec envie, avec fierté et, j’en suis convaincu, avec réussite. » 1. Les trois élus de la liste Fradj (« Vivons Fréjus ») n’ont pas pris part au vote. Richart Sert (« Fréjus Passionnément ») et Julien Poussin (« Union des écologistes et de la gauche ») ont voté blanc.