Quatrième mandat pour Hubert Falco
Hubert Falco a été élu hier matin pour un quatrième mandat à la tête d’une majorité renouvelée de 50 %. La séance a aussi marqué le retour des échanges tendus avec Amaury Navarranne (RN)
Si un conseil municipal d’installation est censé donner le ton d’une mandature, la séance de ce mercredi à Toulon laisse augurer de six années tendues, à l’instar des mois qui ont précédé les élections municipales. Pourtant, la réunion d’hier matin semblait signer un changement d’ère. D’abord en raison du protocole sanitaire imposant distanciation des élus et empêchant les marques d’affection. Surtout avec la présence de nombreux nouveaux visages. Parmi les cinquante élus composant la majorité d’Hubert Falco, vingt-cinq siégeaient pour la première fois. Un baptême que l’on a deviné plein d’émotion chez certains de ces « novices ».
« Afficher de l’ambition »
Sans grand suspense, le vote à bulletins secrets a abouti à la désignation d’Hubert Falco pour un quatrième mandat. Dans son discours d’installation, le maire a tout d’abord dit son impatience que le conseil municipal « retrouve son rôle plein et entier » après cette période qu’il a décrite comme « l’épreuve d’une génération ». Le premier magistrat a appelé à « cultiver l’esprit d’ouverture » ,à « afficher de l’ambition » et à ne pas mener une « politique de repli ».
« Complexe de supériorité »
Mais la séance ne s’est pas résumée à un échange d’amabilités. Dès ses premières interventions, Amaury Navarranne, désormais chef de file des élus Rassemblement national, a montré qu’il n’avait pas l’intention de la mettre en sourdine. Au cours des trois heures de séance, le conseiller régional a saisi toutes les occasions d’en découdre verbalement avec Hubert Falco. Après avoir remis en cause la légitimité des résultats du 15 mars, rappelant la très faible participation, il a dressé un sévère bilan des mandats précédents. Il a surtout vertement taclé l’attitude de la majorité municipale évoquant un « complexe de supériorité absolue »,« un dogme d’infaillibilité municipale » et même une« église de falcologie ». Des remarques pas du goût d’Hubert Falco, qui ne s’est pas privé d’être cinglant à son tour. « Vous confondez hémicycle et théâtre… Vous aimez la politique, mais la politique ne vous aime pas. Pour la septième fois, vous avez été battu… » Quelques minutes plus tard, les hostilités reprenaient de plus belle. Au détour d’une intervention sur le nombre d’adjoints (il y en aura vingtdeux), Amaury Navarranne, notant que l’écharpe tricolore avait été posée sur la mauvaise épaule d’Hubert Falco, s’est amusé à le décrire comme le Roi Dagobert. De quoi faire monter un peu plus la tension du côté du maire. « Vous n’avez pas changé ! Vous avez un ego surdimensionné. Je vais vous faire accepter la réalité des urnes, c’est ça le travail du Roi Dagobert ! ». Ambiance.
Esprit constructif
Pas d’effet de manche, pour les deux autres groupes d’opposition. Guy Rebec, chef de file de « Toulon en commun », a assuré que le score modeste de sa liste (9,12 %) ne les avait, lui et ses deux colistiers élus, pas démotivés et qu’ils entendaient « servir les Toulonnais » dans un esprit constructif. Magali Brunel et Philippe Leroy ont également pris la parole pour soumettre des propositions en termes de vie démocratique et de transition écologique. Cécile Muschotti s’est, elle, montrée bien plus discrète. La députée macroniste n’a pris la parole qu’en toute fin de séance afin d’adresser ses « félicitations républicaines » au maire réélu et ses remerciements au personnel municipal mobilisé en raison de la crise. Soixante-treize jours après le scrutin, le décor est maintenant planté et les nouveaux élus vont enfin pouvoir se mettre au travail. Un nouveau conseil municipal devrait d’ailleurs être réuni très prochainement.
Après Philippe Sans, Geneviève Levy et Robert Cavanna, Yannick Chenevard est le quatrième élu à occuper le poste de premier adjoint depuis . Une désignation sans surprise pour ce très proche d’Hubert Falco, qui a en main de nombreux dossiers stratégiques. Cette nomination n’aura pas échappé aux Toulonnais qui s’interrogent sur l’identité de « l’héritier » d’Hubert Falco, le jour où celui-ci décidera de mettre un terme à sa carrière politique. Ces mêmes observateurs auront aussi noté que Michel Bonnus, présenté par certains comme un « dauphin » potentiel, ne fait plus partie des adjoints.