À Sainte-Maxime, les cafés sont prêts pour l’ouverture
Suspendues à la probable échéance du 2 juin, les brasseries maximoises travaillent déjà à l’aménagement de leurs espaces, afin d’accueillir le public en s’adaptant au schéma sanitaire
Réduction de leur capacité d’accueil, embauches limitées, mesures de protection du public : tels sont les nouveaux codes que s’imposent les brasseries du front de mer, dans l’échéance, très espérée, d’une ouverture prochaine de leur établissement. Après trois mois d’arrêt forcé, les gérants des établissements du front de mer sont dans les starting-blocks. La reprise est impérative pour leur santé financière et les préparatifs vont bon train entre enthousiasme et doutes. Nous les avons rencontrés.
Réserves sur l’emploi saisonnier au Nautic
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« Il faut que ça travaille. » Malgré cet espoir teinté d’inquiétude, Max Esposito, gérant du Nautic se dit confiant : « Je crois en une reprise, un mois de juin calme et j’espère de bons mois de juillet et d’août. On a perdu beaucoup d’argent et de trésorerie. Il faut une bonne fin de la saison pour remonter la situation et passer l’hiver. Cette année, il n’y aura pas de fermeture en janvier, afin de tenter de rattraper un peu les pertes ». Côté aménagement : « On a espacé les tables d’un bon mètre et on condamne la salle intérieure, afin de laisser l’air circuler. En terrasse, la capacité est réduite de moitié. Le personnel aura des masques, ceux du bar des visières et en cuisine des casquettes et des gants. On espère un allègement des consignes au mois d’août car par 40° de température, ça risque d’être compliqué. On demandera à chaque client de passer ses mains au gel hydroalcoolique. Enfin, nos cartes plastifiées seront nettoyées à chaque fois ». Dans l’incertitude sur la fréquentation, le gérant a annulé toutes les embauches saisonnières : « On attend de voir l’évolution mais même si elle va dans le bon sens, on ne prendra probablement pas de personnel en plus avant la mi-juillet. Tous les cafés et restaurants vont reprendre en même temps : la part du gâteau va forcément être plus petite. On démarrera au minimum ».
Réduction de la carte au Maxime
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Jets à haute pression, serpillières et chiffons en main, le nettoyage est actif au Maxime, avec, en première ligne, le gérant Serge Grège : « Ça fait une semaine qu’on est au nettoyage approfondi. On passe le sol, tout le mobilier et le matériel de cuisine à la vapeur ». Les places en terrasse vont passer d’une capacité de 140 à 70. « Pour le personnel, on attend les directives du gouvernement. Difficile de travailler masqué avec la chaleur. »
En cuisine, les employés garderont un mètre de distance et porteront gants et charlotte. Les serveurs seront chargés de désinfecter tables et chaises après chaque passage de clients et devront se laver les mains tous les quarts d’heure. Deux responsables sanitaires vont être nommés, même si le patron s’inquiète : « Difficile de modérer des clients venus faire la fête un soir d’été dans un bar ». Les menus vont disparaître au profit d’un panneau d’affichage « et on réduit la carte de 40 %. Avec la capacité d’accueil réduite de moitié, on aura moins de débit et on veut garder une qualité de produits optimum ».
Grands travaux au Bianca (ex-Wafou)
■ « D’habitude ouvert à l’année, on a profité du confinement pour réaménager entièrement l’établissement. À tel point qu’on n’est pas sûr d’être prêts le 2 juin ! », ironise Brice Tirabassi. Même le nom de l’établissement change et devient « Le Bianca ». Du sol au plafond, l’établissement fait sa mue, y compris en cuisine : « Ça nous a permis de supporter la période et de garder trois employés. Ça a été dur pour tout le monde, notamment pour les 27 salariés du bar et de la plage (Les Copains d’abord, NDLR) » Même si les consignes sanitaires seront respectées, des interrogations demeurent « Et les menus ? Les salières ? Comment inciter à la prudence les clients venus se détendre ? ». Brice Tirabassi est suspendu aux lèvres du Premier ministre sur le protocole à suivre. Enfin, le patron espère un geste du gouvernement : « Une exonération de charges au moins sur deux mois ». L’embauche de saisonniers est prévue « au coup par coup. Dommage car on se prive actuellement d’employés très compétents qui font l’été depuis des années ».
Jazzmen solidaires au France
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« On part dans l’invisible ». Déjà bien avancé dans les aménagements de son établissement, Fred Merian est fin prêt à accueillir sa clientèle avec le sourire, malgré un premier bilan douloureux et des doutes sur la saison. « L’estimation de la perte d’avril, mai et juin est d’environ 500 000 €. Après discussion avec les hôteliers et plagistes, on pense perdre 70 % en juin et 50 % en juillet et en août. On va tout faire pour avancer dans le bon sens mais il faut savoir regarder les choses en face. » Une quinzaine de saisonniers ne seront pas repris cet été : « Des personnes de valeur, c’est dommage ». Le gérant espère un «geste» de la Ville pour les droits de terrasse « dans la mesure de ses possibilités en cette période difficile ». Mais dans ce paysage troublé, Fred Merian ajoute une note positive avec ses fameuses soirées Jazz@table. « Le ministre de l’Intérieur dit OK pour 50 personnes à l’intérieur. Après, le budget a été grévé par les importants investissements liés à la sécurité. Mais tous les musiciens m’ont contacté pour me dire qu’ils sont à fond avec nous et prêts à jouer pour un cachet modique par solidarité. Ça met du baume au coeur et on va y réfléchir sérieusement. »