Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les kiosquiers sinistrés par la grève chez Presstalis

Depuis le 11 mai, le mouvement social dans les messagerie­s prive les revendeurs de journaux et magazines. Une chute du chiffre d’affaires de 90 % et une menace pour les employés varois

- PHILIPPE COURTOIS pcourtois@nicematin.fr

Au-delà de la colère. «Silence, on crève ! » Les kiosquiers varois sont à bout. « Nous sommes les victimes impuissant­es depuis des années de lubies, de caprices ou coups de sang (chacun y trouvera son compte) de la CGT du Livre toute puissante dans notre corporatio­n », selon les mots de Michel Brunet, gérant de quatre kiosques dans l’ouest-Var.

Dépôt bloqué

À l’origine de la situation, la grève des salariés de Presstalis, principal distribute­ur de presse en France (un intermédia­ire entre les éditeurs et les revendeurs). Le mouvement a débuté le 11 mai. Il prive de journaux notre départemen­t qui dépend en partie du dépôt de Marseille, à l’arrêt. Les employés qui bloquent, dans les dépôts de Presstalis, les titres édités répondent à l’appel de la CGT qui proteste contre la liquidatio­n surprise de la SAD et la Soprocom, les deux filiales du groupe, très endettées, malgré des aides répétées de l’État. Elles emploient 512 salariés sur une quinzaine de sites et approvisio­nnent 10 000 des 22 000 points de vente nationaux en journaux et magazines. Leur liquidatio­n a été prononcée le 15 mai par le tribunal de commerce de Paris. Presstalis, dont le déficit est de 400 millions d’euros, a été placé en redresseme­nt judiciaire, avec poursuite d’activité. La mobilisati­on est suspendue aux offres de reprise des filiales. Résultat : les revendeurs ne reçoivent plus un magazine, plus un journal de la presse nationale. Var-matin échappe à ce mouvement car notre titre est distribué par son propre réseau.

Baisse de  % du chiffre d’affaires

Pour Michel Brunet, « c’est une baisse du chiffre d’affaires de 90 % » et naturellem­ent, cela met en danger les quatre emplois des salariés attachés aux kiosques. Et pourtant des solutions existent, assure Michel Brunet. « Un meilleur partage des dividendes entre éditeurs et diffuseurs des messagerie­s revenant à leur métier de distributi­on, des liens directs entre partenaire­s et non pas des programmes informatiq­ues incompatib­les avec la presse ou les échanges réciproque­s. Une écoute permanente des éditeurs et non pas d’intermédia­ires incompéten­ts et dépassés (SAD et Presstalis). Bref, l’expression fut à la mode, il faut un Grenelle de la presse de toute urgence. »

 revendeurs

Au plan national, Daniel Panetto, président de Culture presse (syndicats des revendeurs), demande que « la continuité de la distributi­on soit assurée ». Il ajoute : « C’est une question de respect de la liberté de la presse et de la démocratie ». François Marmion, représenta­nt dans le Var de Culture presse s’inquiète aussi. «Il y a 300 boutiques et kiosques dans notre départemen­t. Plus de 15 % ont fermé pendant la crise sanitaire. Et depuis le 11 mai, la situation est pire encore. » Intenable.

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 ?? (Photo D. L.) ?? Michel Brunet et son épouse gèrent quatre kiosques dans l’ouest-Var. La grève menée par la CGT provoque « une baisse de  % du chiffre d’affaires » du commerçant.
(Photo D. L.) Michel Brunet et son épouse gèrent quatre kiosques dans l’ouest-Var. La grève menée par la CGT provoque « une baisse de  % du chiffre d’affaires » du commerçant.

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