Les kiosquiers sinistrés par la grève chez Presstalis
Depuis le 11 mai, le mouvement social dans les messageries prive les revendeurs de journaux et magazines. Une chute du chiffre d’affaires de 90 % et une menace pour les employés varois
Au-delà de la colère. «Silence, on crève ! » Les kiosquiers varois sont à bout. « Nous sommes les victimes impuissantes depuis des années de lubies, de caprices ou coups de sang (chacun y trouvera son compte) de la CGT du Livre toute puissante dans notre corporation », selon les mots de Michel Brunet, gérant de quatre kiosques dans l’ouest-Var.
Dépôt bloqué
À l’origine de la situation, la grève des salariés de Presstalis, principal distributeur de presse en France (un intermédiaire entre les éditeurs et les revendeurs). Le mouvement a débuté le 11 mai. Il prive de journaux notre département qui dépend en partie du dépôt de Marseille, à l’arrêt. Les employés qui bloquent, dans les dépôts de Presstalis, les titres édités répondent à l’appel de la CGT qui proteste contre la liquidation surprise de la SAD et la Soprocom, les deux filiales du groupe, très endettées, malgré des aides répétées de l’État. Elles emploient 512 salariés sur une quinzaine de sites et approvisionnent 10 000 des 22 000 points de vente nationaux en journaux et magazines. Leur liquidation a été prononcée le 15 mai par le tribunal de commerce de Paris. Presstalis, dont le déficit est de 400 millions d’euros, a été placé en redressement judiciaire, avec poursuite d’activité. La mobilisation est suspendue aux offres de reprise des filiales. Résultat : les revendeurs ne reçoivent plus un magazine, plus un journal de la presse nationale. Var-matin échappe à ce mouvement car notre titre est distribué par son propre réseau.
Baisse de % du chiffre d’affaires
Pour Michel Brunet, « c’est une baisse du chiffre d’affaires de 90 % » et naturellement, cela met en danger les quatre emplois des salariés attachés aux kiosques. Et pourtant des solutions existent, assure Michel Brunet. « Un meilleur partage des dividendes entre éditeurs et diffuseurs des messageries revenant à leur métier de distribution, des liens directs entre partenaires et non pas des programmes informatiques incompatibles avec la presse ou les échanges réciproques. Une écoute permanente des éditeurs et non pas d’intermédiaires incompétents et dépassés (SAD et Presstalis). Bref, l’expression fut à la mode, il faut un Grenelle de la presse de toute urgence. »
revendeurs
Au plan national, Daniel Panetto, président de Culture presse (syndicats des revendeurs), demande que « la continuité de la distribution soit assurée ». Il ajoute : « C’est une question de respect de la liberté de la presse et de la démocratie ». François Marmion, représentant dans le Var de Culture presse s’inquiète aussi. «Il y a 300 boutiques et kiosques dans notre département. Plus de 15 % ont fermé pendant la crise sanitaire. Et depuis le 11 mai, la situation est pire encore. » Intenable.