Le confinement a fait naître des rêves dans l’immobilier
Après avoir vécu deux mois d’enfermement, acheteurs et locataires cherchent à concrétiser leur souhait de logement plus grand avec jardin, terrasse ou balcon, verdure et calme
Ça cliquait à fond sur les sites immobiliers, durant le confinement. Et ça continue ! Le site Particulier à Particulier (PAP) enregistre une hausse des visites de 43 % du 11 au 25 mai sur les AlpesMaritimes par rapport à la même période l’an dernier. Elle est de 32 % sur le Var et de 31 % au niveau national. « Les gens ont élargi leurs critères. L’évolution principale, c’est le télétravail. Ils sont prêts à s’éloigner de leur lieu de travail pour avoir une maison plus grande, avec une ou deux pièces supplémentaires. Ces pièces sont soit pour la chambre d’enfant, soit pour un bureau. Notre site a enregistré une hausse de 30 % dans la recherche de maisons individuelles. Le critère du temps de transport est devenu moins important si l’on peut travailler à la maison et ne se rendre au bureau qu’un ou deux jours par semaine », explique Corinne Jolly, présidente de pap.fr.
La Crau et La Valette au top du clic parade
L’espace extérieur, que ce soit le jardin dans une maison individuelle ou un appartement avec balcon, est devenu « un vrai plus », souligne-telle. Une autre tendance s’est fortement dessinée grâce au nombre de clics sur le site : les villes moyennes en périphérie des plus grosses communes ou des agglomérations sont plus recherchées. La Crau, proche de Toulon, a connu une hausse de 234 % des recherches sur pap.fr en maison individuelle par rapport à la même période l’an dernier. Un record ! La Valette suit avec 144 %, Saint-Maximin 96 %, Solliès-Pont 87 % ou Ollioules 71 %. Dans le même temps, Toulon ne grimpe qu’à 35 % tandis que Saint-Raphaël et Hyères ne font respectivement qu’1 % et 21 % de plus. Même phénomène de clic dans les Alpes-Maritimes : + 91 % de visites pour les maisons sur Carros, + 87 % sur La Trinité ou encore + 86 % sur Vallauris contre 5 % pour Antibes, 11 % pour Cannes, et 22 % pour Nice. Toutefois, relève Corinne Jolly, « ily a certainement dans ces chiffres des visites pour les résidences secondaires .» Renaud Dalbera, président d’Unis Côte d’Azur – Union des syndicats de l’immobilier – reconnaît cette recrudescence de demandes sur des biens avec calme, vue, sans vis-àvis et surtout des extérieurs, mais pas tant sur la surface.
Phénomène à confirmer
Il nuance : « Il faut attendre juillet pour voir si la tendance qui a l’air de sortir au niveau national se confirme. Les gens cherchaient déjà avant le confinement des biens en périphérie des grosses villes ou dans l’arrièrepays, comme Carros, Gattières, dans les Alpes-Maritimes. Je ne sais pas si les projets vont se concrétiser en raison des prix sur le marché local. » Selon lui, malgré le confinement, les clients ne repoussent pas leur projet, les visites ont repris sur place malgré le Net. « L’immobilier reste une valeur refuge. Et pour l’instant les prix de vente n’ont pas changé », précise-t-il.
De son côté, David Garavagno, président de la Fnaim Var, s’interroge : « Est-ce que ces demandes sont liées au printemps ou au déconfinement ? Difficile à dire. Les résidences secondaires vont profiter de cette évolution post-confinement, mais fuir la ville, pour une résidence principale avec les problèmes de transport qui se posent, je ne peux pas l’affirmer pour l’instant. C’est peut-être un phénomène que l’on observera sur Brignoles, Belgentier ou Solliès-Pont pour ceux qui veulent sortir de Toulon. »
Du rêve à la réalité ?
Les gens rêvent en ce moment de leur maison individuelle avec piscine et jardin, mais « on ne mesure pas les avantages et les inconvénients du télétravail sur le long terme. Les relations sociales risquent de leur manquer. Le confinement a accentué la réflexion, mais il y a un risque de retomber dans la routine. Les gens étaient bloqués à la maison. Ils voulaient rêver, ils ont cliqué. » Cependant, pour ceux qui s’accrochent au « plus jamais ça », changer d’adresse reste lié aux prix. « Il faut remonter dans les terres pour avoir des produits moins chers ou équivalents mais avec des surfaces plus grandes ou des extérieurs, notamment pour les primo-accédants. » Reste à savoir si la fibre optique ou a minima un bon réseau Internet rend le télétravail compatible. Or la couverture est inégale. Reste à savoir enfin si les banques financeront ces rêves.