« Les élèves sont plus nombreux à reprendre »
Pour le recteur de l’académie de Nice, Richard Laganier, la rentrée « réussie » a rassuré les familles : plus de 30 % des élèves sont en classe. Reste les lycéens et l’oral de français à trancher
Depuis le 11 mai, la rentrée se fait à pas comptés. En moyenne, en France, moins d’un tiers des écoliers a repris, aujourd’hui, le chemin des classes. C’est un peu plus dans le Var et les Alpes-Maritimes avec des taux de retour grimpant jusqu’à 50 % dans certains secteurs. Le point avec le recteur de l’académie de Nice, Richard Laganier, qui était, hier matin, en visioconférence avec le ministre, Jean-Michel Blanquer, et les représentants du conseil national de la vie lycéenne sur la tenue ou pas de l’oral de français pour les élèves de premières.
Alors, cette épreuve aura-t-elle lieu ?
Le ministre de l’Éducation nationale rendra sa décision vendredi (demain). Jusqu’à présent, il a mené des consultations auprès des syndicats enseignants, puis [hier] des représentants lycéens. Sont attendues les décisions du Premier ministre sur la poursuite de la rentrée [Édouard Philippe doit s’exprimer cet après-midi sur la phase du déconfinement, Ndlr]. Dans l’attente de ces mesures, nous sommes sur des hypothèses de travail qui sont liées à l’évolution de la crise sanitaire et au retour des lycéens et des collégiens de e et de e.
Quelles sont ces hypothèses ?
Soit l’oral de français est remplacé par du contrôle continu, comme pour les autres épreuves du baccalauréat, soit il est maintenu fin juin.
Des réticences pour le maintien de cet oral ?
Au niveau des conditions sanitaires, aucune difficulté a priori puisque les candidats sont accueillis au fil de l’eau, entendus individuellement, cela dans le respect de la distanciation physique. Les interrogations se portent sur l’organisation de cette épreuve nationale qui doit se tenir dans les mêmes conditions dans chaque lycée de France. Or, avec le confinement, tout le monde n’est pas allé au même rythme sur les textes de français à étudier. C’est une contrainte de plus à prendre en compte, en ramenant, pourquoi pas, le nombre d’oeuvres, déjà limité à quinze, à une dizaine, si l’oral est maintenu. Le ministre de l’Éducation nationale en dira plus, vendredi (demain), lors de ses annonces.
Depuis le mai, comment se déroule le retour des élèves en classe ?
Sur l’académie, la reprise est réussie, ce qui a rassuré les familles. On le voit à la progression des effectifs en cours. De l’ordre de % à % après la reprise le mai, le taux de retour des élèves dépasse les % pour atteindre % dans certains secteurs. Dans les AlpesMaritimes, c’est le cas des collèges du Parc-Impérial et Port-Lympia à Nice, Nikki-de-Saint-Phalle à Valbonne, comme dans les écoles du littoral.
Des enseignants s’inquiètent d’un taux de retour très bas en réseau d’éducation prioritaire (REP)…
Ce n’est pas le constat que nous avons dressé. Au contraire, les chiffres recueillis dans les établissements en REP montrent que les écoliers sont plus nombreux à reprendre les cours. En collège, les chiffres sont dans la norme départementale. Comme Jaubert (Rep +) à l’Ariane Nice, qui accueille % de ses élèves. C’est dans d’autres secteurs que ce taux de retour en classe est moins bon.
Lesquels ?
Globalement, le haut pays. Là où les établissements sont très dépendants des transports en commun. Avec les contraintes de distanciation physique, la suppression d’une place assise sur deux dans les bus scolaires, le nombre d’élèves acheminés diminue fatalement. Tout cela dans un contexte de crise sanitaire qui suscite toujours une certaine inquiétude des familles.
Beaucoup de profs tirent la sonnette d’alarme sur la hausse des décrocheurs et des élèves qui ne se connectent plus…
C’est l’un des enjeux de la reprise : ramener les élèves en classe car rien ne remplacera l’école. Pendant le confinement, le taux des décrocheurs, ces élèves dont on n’avait plus de nouvelles, était de à %. Dans la norme nationale. Avec des poches plus importantes liées aux zones blanches même si beaucoup d’initiatives ont été menées pour résoudre ces difficultés de connexions à Internet [convention avec La Poste pour acheminer les devoirs papiers, tablettes offertes par les collectivités territoriales et associations, etc.] Depuis le retour des vacances de printemps, le taux de décrochage est plus marqué et oscille entre et %. C’est l’objectif de la reprise des lycées, que nous préparerons depuis le mai avec la Région : ramener les gamins en cours. En priorité ceux des lycées professionnels, et les élèves de re et terminale générales et technologiques. Ce retour à la normale correspond d’ailleurs à une demande des familles.
Si les lycées reprennent, ce sera toujours sur la base du volontariat ?
Oui et par groupe de par classe si le protocole sanitaire n’évolue pas d’ici là. Pour accueillir davantage d’élèves dans les établissements, nous lançons le dispositif « S-C ». Il s’agit d’activités sportives, culturelles, citoyennes, axées sur la santé, dispensées par les professeurs et/ou par les animateurs des collectivités territoriales volontaires. Pendant qu’un groupe d’élèves suit les cours en classe, un autre pratique les S-C dans la cour de récréation, le gymnase. Et inversement. Ce système par alternance permet d’accélérer la reprise en soignant le bien-être des élèves.
Où en est ce dispositif ?
Il est en phase de lancement de l’école au collège et sera déployé en lycée si les cours reprennent. Dans le Var, une dizaine de communes ont signé, dont La Londe-les-Maures, Pourrières, Cotignac, Bormes-les-Mimosas, Brignoles, etc. Dans les AlpesMaritimes, Beausoleil a dit oui, Menton est en passe de ratifier et Nice est en discussion avancée…