Un « super festival » de ciné sur YouTube
Dès demain et jusqu’au 7 juin, We Are One proposera gratuitement une sélection imaginée par vingt-et-un des plus importants festivals de la planète. Cannes y sera, en version minimaliste
Reportés ou annulés en raison de l’épidémie de coronavirus, les grands rendez-vous de la planète cinéma ont tout de même trouvé le moyen de rester à l’affiche, au printemps. Un événement d’un genre nouveau, appelé We Are One : a Global Film Festival, a été imaginé. Aux manettes, les New-Yorkais du Festival de Tribeca et l’un de ses fondateurs, Robert de Niro. Leurs prestigieux « cousins » d’Amérique du Nord, comme Toronto et Sundance, et d’Europe, avec Cannes, Venise, Berlin, Locarno ou encore Annecy ont répondu à l’appel de Jane Rosenthal, la directrice du Festival de Tribeca. L’Océanie (Sydney) et l’Asie (Tokyo, Mumbai, Macao) sont aussi de la partie.
« Besoin d’apaisement »
Fin avril, Jane Rosenthal avait défini les contours de cette manifestation numérique : « On parle souvent du rôle que peuvent jouer les films pour inspirer et réunir des gens par-delà les frontières. Le monde entier a besoin d’apaisement en ce moment. »
Sans les soirées glam, le tapis rouge ou les photocalls, il a bien sûr fallu se concentrer sur l’essentiel, les oeuvres. We Are One, diffusé gratuitement sur YouTube, aura aussi une dimension caritative. Sur la plateforme de streaming, les internautes seront invités à faire un don en faveur de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres associations engagées dans la lutte contre le Covid-19.
Une centaine d’oeuvres à voir
La programmation de We Are One a été dévoilée mardi. Elle compte vingt-trois longsmétrages fiction, huit documentaires et soixante-douze formats courts, fiction et documentaires confondus. On retrouvera également quatre exclusivités et cinq propositions en réalité virtuelle. Côté cannois, Thierry Frémaux, le directeur général du Festival international du film, s’était dit « très heureux » d’apporter sa contribution à cette « belle initiative ». Pour autant, pas question d’éventer la sélection d’une 73e édition toujours pas annulée (même si on ignore tout des conditions dans lesquelles elle pourrait se tenir et quand). Cannes a décidé de mettre en valeur dix courts-métrages en lice sur la Croisette en 2019, dont le vainqueur de la Palme du court, La Distance entre le ciel et nous , du Grec Vasilis Kekatos. Ils seront montrés à travers trois créneaux de diffusion, les 29 mai, 1er juin et 2 juin. D’autres « monuments » du 7e art, à l’image de la Mostra de Venise ont été un brin plus généreux, en allant piocher des courts et des longs-métrages (Mary is Happy, Mary is Happy, film thaïlandais de 2013 construit autour d’une succession de tweets), ainsi que des documentaires (Beautiful Things, sorti en 2017 et traitant de l’hyperconsommation de notre société). De son côté, la Berlinale a souhaité remonter plus loin dans ses archives, en présentant Ticket of No Return (notre photo), d’Ulrike Ottinger, datant de 1979.
Apartés ave c des géants
Afin de ne pas perdre une miette de
We Are One, il est possible de programmer des rappels sur la page YouTube du festival. Petit bémol, il faudra être aussi anglophone pour profiter de l’intégralité du programme, puisque certains contenus ne seront pas sous-titrés. Toujours est-il que la rencontre entre Francis Ford Coppola et Steven Soderbergh, enregistré l’an dernier à Tribeca, fait envie. Tout comme les interventions de Bong Joon-Ho (primé à Cannes en 2019 pour Parasite) et de John Waters à Locarno. Ainsi que les masterclasses de Guillermo del Toro ou Claire Denis, ou encore des discussions avec Alejandro Iñárritu, Alain Delon. Du réchauffé avec peu d’avant-premières, selon certains observateurs. Mais sans doute de quoi occuper des cinéphiles sevrés de salles obscures depuis plusieurs mois.