Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La grande illusion

Victor Zvunka s’en est allé. Sans amertume mais déçu par une saison où il y avait mieux à faire si les détails avaient été réglés

- RAPHAËL COIFFIER

L’histoire entre le Sporting de Toulon et Victor Zvunka n’aura pas fait long feu. L’entraîneur, en raison de la crise sanitaire, n’aura pas eu le loisir de dire au revoir à ses joueurs. De fouler une dernière fois la pelouse du stade Bon Rencontre. Le club lui a signifié par courrier la fin de son contrat. C’était écrit et le vieux lion n’en a pas fait tout un fromage... Et s’il n’a aucun regret sur son passage sur la Rade, il est bien sûr déçu des mauvais résultats. Pour ses garçons, pour les supporters aussi. Las, il manquait trop de choses encore au Sporting pour évoluer convenable­ment au haut niveau. Il en dit un peu plus, sans cracher dans la soupe, sur cette grande illusion...

Victor, comment allezvous ?

Ma foi, bien. Je n’ai pas à me plaindre. Je passe le temps. Je fais le jardin. Je cours. Je me repose. Je m’informe...

Sur le Sporting Club de Toulon ?

De ce côté-là, pas de nouvelles depuis le match de Créteil...

Même de Claude Joye qui a pourtant déclaré que vous ne serez plus le coach la saison prochaine ?

Non, rien. J’ai juste reçu un courrier recommandé. De toute façon, je le savais. C’était dans mon contrat. Il n’y a que Guillaume (Deville) qui m’a appelé.

Voilà qui manque d’élégance...

Je ne fais plus attention à tout ça. J’ai eu tellement de hauts et de bas avec lui. Il pouvait être super sympa lors d’un repas d’après match, comme il pouvait venir m’emmerder pour une compositio­n d’équipe. C’est comme ça...

Et vous en avez vu d’autres...

Oh oui ! Je me souviens de mon passage à Guingamp. On gagne la coupe de France et, la saison suivante, on descend pour un point. Le président ne m’a pas dit au revoir. Plus de son plus d’image. C’était Le Graët...

Vous ne regrettez pas au final d’avoir signé au Sporting ?

Je n’ai jamais de regrets. Je pensais vraiment qu’il y avait de belles choses à faire ici mais ça n’a pas été le cas...

Pas de regrets, mais peutêtre de la déception ?

Déçu, certaineme­nt. Vous savez le diable se cache dans les détails et les détails, au Sporting, n’ont pas été réglés. Ce club méritait d’être structuré sur le plan sportif mais il ne l’a jamais été. Or, au niveau profession­nel, car le National c’est profession­nel, ça ne pardonne pas !

A quoi pensez-vous en particulie­r ?

Au volet médical en priorité. Avoir le kiné une fois par semaine, ce n’est pas suffisant. Il fallait faire des efforts dans ce secteur. Les joueurs en avaient besoin. Sans parler des déplacemen­ts souvent mal gérés. Les garçons étaient lâchés dans la nature pour les repas. J’ai essayé de m’adapter mais j’ai vite compris que c’était foutu...

En voulez-vous aux dirigeants ?

Non, simplement je constate que les paroles n’ont pas été suivies d’actes. Beaucoup de choses ont été dites mais n’ont pas été faites. Pourtant je n’avais pas des idées de fou. Je voulais simplement instaurer un cadre profession­nel...

A un groupe de plus de  joueurs, compliqué, non ?

Il fallait absolument se séparer de quelques éléments pour garder le groupe mobilisé. Là encore, je n’ai pas été écouté.

C’était peut-être une question de moyens...

Sûrement, même si je reste persuadé qu’on aurait pu les avoir ces moyens.

Vous les avez eus pour le mercato...

Il faut d’abord savoir que certains joueurs, de qualité, ont été refusés par la direction. Ensuite, c’est vrai que nous avons recruté de bons éléments. D’ailleurs, à mon sens, si Fabien Pujo avait pu obtenir ces profils en début de saison, on n’aurait peutêtre jamais fait appel à moi et le Sporting se serait sauvé.

Comment en est-on donc arrivé à ce naufrage ?

A mon avis le club s’est installé dans une sorte de confort. Voire de routine. Depuis deux, trois saisons, ça lui souriait plutôt bien. Avec la même ossature, il obtenait des résultats. Alors pourquoi changer ? En fait, il a manqué une remise en question pour aborder au mieux le National. Au haut niveau, le minimum ne suffit pas...

Que garderez-vous de votre bref passage sur la rade ?

Des mauvais résultats ! Je suis convaincu qu’on pouvait faire mieux. Mais il y a souvent eu un coup du sort, une petite erreur. Franchemen­t, ça a été dur. Je n’ai jamais eu une semaine sans souci sur le planning. Travailler de la sorte, c’était très compliqué.

Vous avez noué des liens ?

Peu. Avec Guillaume Deville, on a beaucoup échangé. Je n’oublie pas aussi André Vitiello, un type impeccable. Le kiné JeanPierre aussi, et le petit jeune qui l’épaulait. Ils ont compris ce que je voulais. Mais bon je n’ai pas eu la chance de les avoir assez souvent avec nous...

Vous n’avez quand même rien lâché jusqu’au bout...

Ce n’est pas dans mes gènes. Et puis, mon souci sur la fin du championna­t, c’était de ne pas finir dernier car il y a toujours des repêchages. Malheureus­ement, avec la crise sanitaire, on n’aura pas pu se défendre jusqu’à la dernière journée.

Le bras de fer Joye Boudjellal, vous le suivez ?

J’ai vu ça. Quand il me parlait encore, un jour Claude Joye m’a dit : « Boudjellal veut venir pour aider ». Mais il rêve s’il croit ça ! Il est sur une autre planète. Si Boudjellal vient, c’est pour être le patron car lui connaît le monde profession­nel...

‘‘ Je constate que les paroles n’ont pas été suivies d’actes... ”

‘‘ Si Boudjellal vient, c’est pour être le patron car lui connaît bien le monde profession­nel”

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