Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Guy Bedos tire sa révérence à l’âge de 85 ans

L’humoriste s’en est allé hier à l’âge de 85 ans, laissant derrière lui des sketchs féroces et un indéfectib­le engagement à gauche

- ALAIN GRASSET

cours de sa jeune carrière. Leur premier duo comique en 1963 fait un tabac. Et leur sketch « La Drague », écrit par Jean-Loup Dabadie (1965) va emporter l’adhésion du public. En solo, Guy Bedos, se produit à Bobino en 1968. C’est la consécrati­on. En privé, son couple explose. Il se sépare d’avec Sophie Daumier en 1977. Une rupture douloureus­e. Heureuseme­nt, le cinéma le réclame. En 1969, Claude Berri lui offre l’un de ses meilleurs rôles au cinéma dans « Le Pistonné ». Dans ce film autobiogra­phique du réalisateu­r, il incarne le fils d’un tailleur juif parisien incorporé dans l’armée après avoir tenté d’être pistonné. Drôle, fragile, roublard, il fait merveille dans cette tragicoméd­ie corrosive, mélancoliq­ue et antimilita­riste, qui aborde aussi le racisme pendant la guerre dans les colonies du Maghreb. Guy Bedos, très demandé, va alors partager l’affiche de « Un éléphant ça trompe énormément » d’Yves Robert (1977) et de sa suite « Nous irons tous au paradis ». Il joue un jeune médecin traumatisé par sa mère trop envahissan­te. Deux énormes succès au box-office, aux côtés de Jean Rochefort,

Claude Brasseur et Victor Lanoux. Mais voilà ce petit bonhomme, aux yeux espiègles, très angoissé, n’oublie pas la scène. «Je me sens d’abord humoriste et satiriste. C’est ça ma religion. Je veux pouvoir tout dire, y compris beaucoup de conneries. ». Dans les années 80/90, à la télévision, dans des salles remplies, il s’en donne à coeur joie. En véritable sniper, il tire sur la droite, sur la gauche, avec ses revues de presse où il allume les hommes politiques qui n’en ressortent pas intacts. «On me traite de méchant. Je récuse cette réputation. Mais je ne cherche pas à blesser à tout prix. » Bedos, piquant, caustique, avait fait ses adieux le 23 décembre 2013 à l’Olympia pour une formidable dernière revue de presse. Marié trois fois, avec Karen Blanguerno­n, Sophie Daumier (décédée en 2003) et Joëlle Bercot, Guy Bedos était père de quatre enfants, Leslie, Mélanie, Victoria et Nicolas. Il partageait son existence entre Paris et la Corse. Selon son souhait, il sera d’ailleurs enterré au cimetière de Lumio (Haute Corse) dans la plus stricte intimité familiale.

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(Photo Dominique Leriche) En juin , escale varoise du côté de La Garde, au domaine de Massacan.

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