Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Dans le Var et sur la Côte comme chez lui

- P. M.

Sur scène, un féroce. Dans la vie, un vrai gentil. «Sa gentilless­e », c’était à la fois ce qui marquait et surprenait le plus Marie-Louise Gourdon, commissair­e du festival du livre de MouansSart­oux. Depuis , il n’a raté aucune édition, sauf une, la dernière, retenu à Paris par la maladie. «Ilaimait les gens et les gens l’aimaient ». La moindre virée dans les allées du festival durait une heure. Pas question de refuser une dédicace. « Ce regard presque tendre » qu’il portait sur les autres, la trouble et l’émeut, au nom de cette « fraternité naturelle » qu’elle partageait avec lui. Elle garde de cette relation basée sur « la générosité » un entretien croisé, dans la villa corse de Lumio, avec l’artiste et Albert Jacquard, « La rue éclabousse » (éditions de l’Aube). L’ouvrage était consacré « aux gens qui meurent dans la rue ». Guy Bedos aimait les Alpes-Maritimes.

À la fin du siècle passé, il avait racheté la maison de Claude Lelouch à Tourrettes-sur-Loup.

Rugissemen­ts sur scène, petite voix en privé

Plusieurs personnes étaient ses amis dans la région. Dont le psychiatre Boris Cyrulnik, à La Seyne-sur-Mer. De Toulon, il gardait un souvenir enfiévré : du temps où la ville était gérée par le Front National entre  et . Farouche opposant de ce parti, il avait financé les associatio­ns privées de subvention­s grâce à la recette de spectacles donnés sur place. Des dizaines de milliers de francs à l’époque. Capable de « colères monstrueus­es », il ne prenait aucun combat, aucune cause à la légère. Le journalist­e Claude Ardid, qui l’a rencontré « des dizaines de fois » en  ans, raconte à quel point le conflit au Proche-Orient ou la situation de la gauche pouvait l’affecter, certains jours, transforma­nt un dîner, rue Jean-Jaurès, en séance de consolatio­n des malheurs du monde, même en présence d’un couscous digne de l’Algérie de son enfance ou d’un bon verre de Bordeaux. L’homme ressemblai­t au comédien. À une différence près : en spectacle, le public l’entendait rugir jusqu’au dernier rang. En privé, il parlait « d’une petite voix », qui voulait dire je t’écoute. Une petite voix, qui s’est tue à jamais.

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(Photo Claude Dronsart) Pieds dans l’eau, ou presque, avec France Gall, Sophie Daumier et Eddie Barclay.
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(Photo Eric Ottino) Le festival du livre de Mouans-Sartoux (ici en ), un passage incontourn­able.
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(Photo Patrice Lapoirie) Avec sa fille Victoria, en , sur le tapis rouge du Festival de Cannes...

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