Urgences : repenser l’accueil et l’organisation
Elle est « La » vitrine de l’hôpital public. Mais malheureusement, elle s’est fissurée, au fil des années, par des plans, audits, réorganisations à répétition dans des services saturés, avec des moyens matériels et surtout humains pas toujours à la hauteur des besoins. « Ce n’est pas qu’un problème de moyens. Il faut repenser complètement les flux et l’organisation au niveau des urgences », insiste le Dr Vincent Carret, ancien chef de service des urgences au sein du centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne (CHITS). « Il faut absolument revoir les parcours de soins et les modalités d’admission dans les centres hospitaliers pour faciliter les hospitalisations directes dans les services de soins, sans passer systématiquement par les services d’urgences. »
Un plan d’action que ce médecin urgentiste depuis vingt-cinq ans met sur la table depuis quinze ans.
« Et cela faut quinze ans que je dis qu’il faut arrêter de faire n’importe quoi avec les services des urgences. Je ne lâcherai pas, s’agace-t-il. Les services sont devenus les variables d’ajustement organisationnelles des hôpitaux en flux tendus de l’amont et de l’aval ».
« Fluidifier les parcours »
Les marges de manoeuvre étant réduites pour organiser les flux dans l’hôpital, la solution de facilité est de tout faire passer par les urgences. « Encore une fois, c’est une vision technocratique à petit spectre qui n’a pas vu les aberrations et les conséquences de ces politiques de destruction. Et combien ils allaient mettre à ce point les services des urgences dans le rouge et à quel point ils les avaient sacrifiés », commente le Dr Carret.
« Il faut les recentrer absolument sur leurs priorités et leurs missions essentielles selon les objectifs du plan ‘‘Ma santé 2022’’ »
« Au CHITS, nous travaillons au projet de mettre une plateforme de régulation des appels au niveau téléphonique pour mieux planifier et orienter les patients. Il faut mettre un tri médicalisé, performant et réactif au niveau des services des urgences », commente le Dr Carret. Le tri médicalisé au poste médical avancé de l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, durant la crise Covid-19, aura permis de « décharger les services des urgences. »
« À travers ce tri, on va remettre de l’efficience et du lien entre la ville et l’hôpital. À partir des urgences, on renvoie les patients à leur médecin traitant s’ils viennent de façon indue ». Quels sont la « vraie priorité et l’enjeu majeur de dynamisme de notre système hospitalier ? »
La réponse : « Libérer les places en services et unités de spécialités en centre hospitalier et centre hospitalier universitaire, en facilitant les admissions vers les services de rééducation, de réadaptation et de suites de séjours, en créant davantage de lits pour fluidifier les parcours de soins hospitaliers de courts séjours ».