Tollé général après des propos chocs du médecin de Berlusconi
Italie :
Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Le Dr Alberto Zangrillo, directeur de l’hôpital San Raffaele de Milan, et connu comme « le médecin de Berlusconi » (c’est lui qui suit la santé de l’ancien chef du gouvernement), a affirmé que le coronavirus avait disparu de la péninsule et qu’il était « temps d’arrêter de terroriser » les Italiens, provoquant aussitôt une levée de boucliers des autorités et des spécialistes.
« Le virus n’existe plus en Italie »
« En réalité, le virus n’existe plus cliniquement en Italie » ,at-il déclaré dimanche sur la chaîne de télévision Rai 1, argumentant que « les prélèvements effectués au cours des dix derniers jours ont montré une charge virale absolument infinitésimale en termes quantitatifs par rapport à ceux effectués il y a un mois ou deux mois. » Les réactions ne se sont évidemment pas fait attendre. « En attendant des preuves scientifiques pour soutenir la thèse de la disparition du virus, j’invite ceux qui [s’en] disent convaincus de cette thèse à ne pas semer la confusion parmi les Italiens » ,a commenté avec sobriété la sous-secrétaire du ministère de la Santé, Sandra Zampa. Le patron du Conseil national de la santé, Franco Locatelli, s’est de son côté dit « déconcerté » par les propos du Dr Zangrillo : « Il suffit de regarder le nombre de nouveaux cas positifs confirmés chaque jour pour constater la circulation persistante [du virus] en Italie. » Et le directeur du prestigieux Institut national des maladies infectieuses Lazzaro Spallanzani à Rome, Giuseppe Ippolito, a estimé de son côté qu’il n’y avait aucune preuve scientifique que le virus avait muté ou baissé en puissance. Des spécialistes étrangers sont aussi montés au créneau. « Ces affirmations n’ont aucun soutien dans la littérature scientifique et semblent plutôt pas plausibles d’un point de vue génétique », a renchéri le docteur Oscar MacLean, du Centre de recherche sur les virus de l’Université de Glasgow, en Écosse.
Cela « reste un virus tueur »
Jonathan Ball, professeur de virologie moléculaire de l’université anglaise de Nottingham, et Martin Hibberd, professeur à l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, ont également indiqué qu’il n’existait aucune preuve à l’appui des propos du Dr Zangrillo. L’affaire est remontée jusqu’à l’OMS. « J’espère que le virus faiblit, nous l’espérons tous, mais nous ne pouvons pas à ce stade en faire le pari » ,adéclaré Michael Ryan, chef du programme d’intervention d’urgence de l’organisation. Le Sars-CoV-2 « reste un virus tueur » et « des milliers de personnes continuent de mourir chaque jour », a-t-il insisté.