Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Il ne se ménage pas pour rouvrir les manèges Le directeur du Luna Park, Rudy Maury, s’active en coulisses pour être prêt à reprendre dès le 19 juin

- RECUEILLI PAR N. PASCAL npascal@varmatin.com

D’humeur toujours positive, le jeune directeur du Luna Park entrevoit la belle saison avec optimisme. Rudy Maury, que les habitués appellent affectueus­ement Kino, a suivi le discours du Premier ministre, la semaine dernière, autorisant les parcs de loisirs à ouvrir. Les lieux, au nord de la Base nature, qui accueillen­t des attraction­s depuis plus de trente ans, s’apprêtent à voir se réinstalle­r les forains, heureux de pouvoir – bientôt ! – divertir à nouveau les vacanciers.

Vous attendiez-vous à pouvoir ouvrir dès le  juin ?

On a harcelé les autorités pour savoir quand pourrait-on ouvrir (rires). Maintenant que l’on sait, on est encore dans l’incertitud­e. Est-ce le maire ou le préfet qui donnera véritablem­ent son feu vert ? À voir. Les décrets ou arrêtés ne sont pas encore tombés à ce jour (l’interview a eu lieu dimanche  mai, N.D.L.R.) On ne connaît pas non plus les conditions sanitaires exactes à mettre en place, on n’a pas encore reçu de consignes pour notre profession. On est toutefois partis dans l’optique de démarrer !

Vous avez déjà une date d’ouverture en tête ?

Soit le week-end du  juin, soit celui du  juin. Mais on va tout faire pour être prêts dès le  juin. On ne peut pas ouvrir en quelques jours, il faut un minimum de préparatio­n avant d’être opérationn­el. Il faut procéder à du recrutemen­t de personnel, installer les manèges, faire passer la commission de sécurité, préparer la communicat­ion…

Le Luna Park est constitué principale­ment de forains qui tournent ailleurs également. Que vous êtes-vous dit ?

Je leur ai laissé vivre leur vie sans consigne particuliè­re jusqu’à présent. Désormais, ils savent qu’ils peuvent venir ici à Fréjus, ils vont peu à peu installer leurs attraction­s. Ce sont à  % des fidèles qui reviennent chaque année, et on garde toujours une petite part de nouveaux.

La situation est problémati­que pour les forains depuis mars ?

Oui, ils sont tous bien embêtés car toutes les foires ont été annulées en ce printemps, dans le pays. Désormais je croule sous les demandes car toutes les fêtes à venir sont en train d’être annulées – foires de Bayonne, Dax, fête des Loges… Ils n’ont pas d’emplacemen­t pour l’été et demandent à venir chez nous. On installera d’abord nos forains habitués et on pourra accepter juste un petit nombre de nouveaux avec la place qui reste.

Et pour vous, comment ça s’est présenté jusqu’à maintenant ?

Heureuseme­nt c’est quand même l’été que se fait le gros du chiffre d’affaires. Bon j’avais toutefois la grande roue à Saint-Raphaël qui était fermée jusqu’à récemment ; je possède aussi la grande roue à Marseille et celle au Lavandou qui étaient dans le même cas. Le plus compliqué, c’est d’être dans l’incertitud­e, de ne pas pouvoir prévoir. Mais depuis une dizaine de jours, on pressentai­t qu’on allait pouvoir ouvrir. La question restait de savoir quand et comment…

Même si vous n’avez pas encore les consignes exactes, quelles seront les règles sanitaires qui s’imposeront ?

Comme partout, on aura de la distanciat­ion physique, dans les files d’attente et dans les manèges. Pas forcément une personne sur deux, mais on peut regrouper les gens par famille ou par petits groupes quand les personnes vivent ensemble. Ce serait idiot de séparer les couples ou entre parents et enfants. En revanche, si vous venez seul, on ne mettra pas un inconnu à côté de vous dans le manège. Il y aura du gel hydroalcoo­lique à l’entrée, un peu partout, on désinfecte­ra régulièrem­ent, et une signalétiq­ue guidera les gens sur les bonnes pratiques et les gestes barrières. On attend d’en savoir plus pour bien protéger le personnel et les clients.

Vous ne craignez pas que les conditions demandées soient trop strictes ?

Il faut arriver à garantir une sécurité générale tout en sachant que ça doit rester un moment agréable pour tout le monde. C’est vrai que si on part sur des normes trop complexes, j’ai peur que ça soit anxiogène. Heureuseme­nt, la pandémie semble s’essouffler en France, tant mieux. J’espère que d’ici l’été, on en verra le bout.

Si les manèges ont un taux de remplissag­e réduit à cause des normes, cela peut-il vraiment vous nuire ?

Chaque attraction va avoir sa problémati­que, ça dépend. En ce mois de juin, la fréquentat­ion sera réduite, donc on pourra voir au cas par cas et on affinera au fur et à mesure. Chaque forain a eu le temps déjà d’anticiper et de réfléchir pour son manège.

En matière de fréquentat­ion, à quoi vous attendez-vous ?

Je suis optimiste de nature, donc je pense que tout se passera bien ! Les étrangers, au Luna Park, ne sont pas habituelle­ment nombreux par rapport aux Français. Ils représente­nt environ  % de la clientèle je dirais, pour juillet et surtout août, alors qu’en juin on n’en a presque pas, traditionn­ellement. En juin, ce sont très souvent que des gens d’ici. Si on a moins d’étrangers cet été, on va forcément un peu le ressentir malgré tout, j’espère que cet été les frontières dans l’Europe seront ouvertes. Déjà les Italiens viendront à nous. Mais le probable manque sera peut-être compensé par les Français qui resteront chez nous. Du moins je l’espère ! Les gens ont l’air d’avoir envie de sortir, d’en profiter en ce moment. Quand on voit la surfréquen­tation du bord de mer, des parcs et jardins, on voit que les Français ont soif de loisirs et de se rattraper, après un printemps resté à se confiner.

 ??  ??
 ?? (Photo Sophie Louvet) ?? D’un naturel toujours optimiste, le jeune directeur envisage un bel été. Il a accéléré les préparatif­s depuis l’annonce du Premier ministre.
(Photo Sophie Louvet) D’un naturel toujours optimiste, le jeune directeur envisage un bel été. Il a accéléré les préparatif­s depuis l’annonce du Premier ministre.

Newspapers in French

Newspapers from France