Harry, un ami qui vous veut du bien
Sur l’autoroute des vacances, Michel Pape, prof de français, accompagné de sa femme et ses trois filles, tombe sur un ancien camarade de classe. Rapidement celui-ci se tape l’incruste dans la maison de campagne en travaux située dans le Cantal. Si Michel (Laurent Lucas) et Claire (Mathilde Seigner) forment un couple de français moyens tout à fait classique – entre reproches et engueulades, break et gamines capricieuses – Harry, lui, est beaucoup plus spécial. Plutôt jovial, serviable et sympathique. Trop même. Le malaise pointe rapidement le bout de son nez à voir évoluer cette connaissance envahissante. Une sensation d’oppression presque jubilatoire monte petit à petit chez le spectateur. Regarder cet étrange personnage, magnifiquement joué par Sergi López, totalement fan des écrits de Michel au lycée, le poussant à reprendre la plume et à s’épanouir, est dérangeant.
Ambiance hitchcockienne
Mais moins que de le voir user de tous les stratagèmes, qui vont jusqu’à éliminer les gêneurs, pour arriver à ses fins.
Il pénètre dans le cerveau du père de famille en même temps que dans celui du public. Telle une araignée, il tisse sa toile. Mais ce Harry n’est-il pas qu’un gentil désaxé complètement obnubilé ? L’ambiance est hitchcockienne. Dominik Moll, son auteur et réalisateur, réussi là un thriller psychologique de haute volée où la violence n’est que suggérée. On en ressort à la fois bousculé et fasciné. Le long-métrage, sorti en 2000, a reçu un bon accueil du public (plus de 2 millions d’entrées en France), des critiques mais aussi des professionnels. Il a ainsi été sélectionné à Cannes lors de la 53e édition du festival où le film est ovationné. Il remportera par la suite pas moins de quatre César dont celui du meilleur réalisateur et celui du meilleur acteur pour López.
Harry, un ami qui vous veut du bien ,à23h25surM6.