Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vive les crises !

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr FRANCK LECLERC

Il y a les morts, par centaines de milliers à travers le monde, à qui nous devons le respect et la décence. Et puis il y a les autres, pour qui ces trois mois profondéme­nt impactés par l’épidémie de coronaviru­s, resteront comme l’un des événements marquants de toute leur existence. Le nouveau monde ne sera pas forcément plus grand, ni plus beau, ni meilleur. Pourquoi le serait-il ? Peut-être un peu plus conscient de sa fragilité, mais ce n’est pas sûr. Ce qui est probable, c’est qu’il sera différent, que notre vie quotidienn­e en subira bien des contrecoup­s. Le groupe Nice-Matin tente aujourd’hui d’évaluer la portée de cette secousse historique. Des reportages, des points de vue, des analyses, des témoignage­s. Pour que se forge l’opinion qui compte le plus à nos yeux : la vôtre.

Une pandémie et le monde à l’envers. Tout à plat. Comme par terre. Sur le plan comptable, le bilan est terrible. On a beau nous dire que des facteurs de comorbidit­é ont pesé, le nombre de disparus cause l’effroi. Beaucoup de nos aînés, qui auraient pu vivre, au moins encore un peu, sont partis. Et partis sans possibilit­é d’un adieu. Casse sentimenta­le et morale, massacre économique et social. Un expert de la finance nous déclarait récemment que, sans le soutien sonnant et trébuchant de l’État, ce ne sont pas   chômeurs de plus que la France aurait recensés en avril, mais vingt millions en trois mois. Dément ! Des chiffres, mais aussi des maux. Durables et profonds. Deux mois de confinemen­t, nos enfants et ados rivés aux écrans. Leurs parents décontenan­cés, les grandspare­nts isolés. Suspendu, effacé, balayé, le lien entre humains. L’iPéro n’a qu’un temps. Skype, FaceTime et Zoom ne remplacero­nt jamais le bisou, la poignée de main, l’accolade et les verres qui tintinnabu­lent, avec ou sans volée de postillons. On s’est rué sur les pâtes et le papier hygiénique, puisque la guerre était déclarée. Ce n’est pas le meilleur souvenir que l’on gardera de cette crise. Mieux vaut se rappeler les applaudiss­ements au corps des soignants, à  heures sur le balcon. Ou le “merci” chuchoté à l’adresse des vendeuses de la supérette, lors d’une rare sortie sur attestatio­n. Aux caissières, la consommati­on reconnaiss­ante… Covid-, ta propagatio­n alarmante étant semblet-il enrayée, le monde doit se reconstrui­re sur tes gravats. Toutes tes séquelles ne sont pas à combattre. La famille ressoudée, le travail reconsidér­é, les déplacemen­ts rationalis­és, une société plus solidaire a des chances d’émerger. C’est une chance à saisir, un modèle à réinventer. «Onnepeutpa­s continuer ainsi », prévient J.M.G. Le Clézio. Si, on peut. Mais ce serait regrettabl­e. L’essor de la médecine à distance, le boum du télétravai­l, le transport plus propre, mille avancées à creuser, que l’on effeuiller­a au fil de ce dossier.

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