Les globe-trotteurs misent sur l’automne
Dans un secteur économique à l’arrêt – le tourisme –, les professionnels attendent de pouvoir rouvrir leurs agences de voyages. Le responsable d’Ailleurs Voyages, à Toulon, témoigne
Avec l’éruption de l’Eyjafjöll – ce volcan islandais au nom imprononçable – en 2010, José Pintor, chef de l’agence Ailleurs Voyages à Toulon, pensait avoir vécu la crise la plus sérieuse du secteur du tourisme. C’était sans compter avec le coronavirus. « En 2010, c’était compliqué à gérer, mais là, avec la crise sanitaire actuelle, c’est super compliqué », reconnaît-il. D’ailleurs si José Pintor a accepté de répondre à nos sollicitations, c’est sur « [son] temps libre », insistet-il, soucieux de respecter scrupuleusement son régime de chômage partiel. « On a fermé l’agence le 16 mars au soir. Un peu dans la précipitation. On n’a même pas fait de transfert d’appel avant de partir », confie José.
Rassurer les clients
Depuis, le lien avec la clientèle se fait essentiellement par mail, comme le rappelle un message affiché sur la porte : « Vous nous manquez et nous avons hâte de vous retrouver ! Pour quelques semaines encore, notre agence va rester fermée au public. Mais rassurez-vous, nous restons joignables par mail ! » Pour un professionnel qui a fait de la relation humaine « [son] cheval de bataille », la situation n’est pas satisfaisante. Et José Pintor ne sait pas combien de temps elle va perdurer. « On ne sait pas quand on va pouvoir rouvrir. Ça dépendra de ce qui se passe dans les trois agences test du réseau Selectour qui ont rouvert le 2 juin dans les Bouches-duRhône
et le Vaucluse ». Ça dépendra surtout de la réouverture des frontières et de l’évolution de l’épidémie. Dans ce contexte, on l’aura deviné : la vente de destinations de rêve n’est toujours pas d’actualité. « Au début du confinement, il a fallu gérer les reports, les rapatriements et les annulations de voyages. Aujourd’hui, on n’assure toujours pas d’activité commerciale. On essaye surtout de rassurer nos clients qui ont déjà acheté leur voyage mais se demandent s’ils vont pouvoir partir, ou même s’il est raisonnable de partir ». S’il sait que toutes les agences de voyages ne survivront pas à cette crise, José
Pintor se veut optimiste. « Cet été, on va sans doute bricoler. Mais je pense qu’on reviendra à la normale à l’automne. Il suffit de pas grand-chose : que les pays rouvrent leurs frontières et que le nombre de cas de covid-19 continue de baisser ».
« Il ne faut pas renoncer à tout voyage en avion »
Pour le reste, notamment savoir comment évoluera la façon de voyager demain, on verra plus tard. À ce sujet, José Pintor témoigne : « Ces discussions philosophiques, je les ai avec des amis. Plus rarement avec des clients, même si ce sont des sujets que j’aime bien aborder. C’est vrai qu’on peut se demander quel est l’intérêt de prendre l’avion entre Lyon et Paris. Mais il ne faut pas non plus renoncer à tout voyage en avion. Avant le confinement, j’ai une cliente qui hésitait à partir aux États-Unis à cause des émissions de CO2. Je lui ai dit de ne pas se punir pour l’ensemble de la planète, de ne pas essayer de changer le monde toute seule, et qu’il y avait plein d’autres façons d’améliorer son bilan carbone. »