Concerts : l’adrénaline plutôt que le “streaming”
Les concerts de demain ressembleront-ils surtout aux... concerts d’avant ? C’est l’espoir des acteurs du live. En attendant, ils cherchent des pistes novatrices, en jouant sur le digital ou le plan de salle
O «n nous parle de distanciation sociale alors qu’on est là pour rapprocher les gens ! » D’une formule simple, Gil Marsalla résume l’équation insoluble de tout un secteur. Ce producteur niçois ne veut pas croire que le concert de demain ressemblera à autre chose qu’aux... concerts d’avant. À quelques nuances près. « Il y aura des signalétiques, des annonces, peut-être des adaptations de spectacles. Ainsi, je ne vois pas l’intérêt d’un entracte actuellement », estime Gil Marsalla. À cette aune-là, « les spectacles assis seront beaucoup plus faciles à mettre en place que les spectacles debout. » À l’aube d’une saison estivale sinistrée par le coronavirus, l’industrie du live cherche des pistes pour se réinventer. Mais bute souvent sur cette fichue équation. « On ne croit pas du tout à la distanciation sociale. Ni au digital. Ce qui nous motive, c’est le contact humain », martèle Ben Géli. Le président de Panda Events, qui déplore une flopée de festivals annulés (Plages électroniques, Crossover summer, Nuits Guitares...), s’étonne que « tout le monde rouvre... sauf nous. Il ne faudrait pas que, d’un coup, aller à un concert de musiques actuelles soit plus dangereux que faire ses courses ou prendre le métro ! »
Les limites du live en ligne
Durant le confinement, les internautes ont vu fleurir les concerts en ligne, se sont invités dans l’intimité de -M-, Renaud Capuçon ou Chris Martin. De là à instituer des e-concerts payants ? Gil Marsalla n’y croit pas. « Cela permet de garder les fans en alerte. Mais personne ne gagne d’argent. Or le live, c’est l’essentiel des revenus. Ce n’est pas avec des concerts en visio que l’on va sortir d’une telle crise... »
Diffuser un concert en direct ? Le groupe NoJazz y songe pour sa prochaine date... sans public. « On réfléchit à des solutions », témoigne son batteur, le Niçois Pascal Reva. Un pis-aller, pour ce groupe électrojazz plus habitué à enflammer les salles. Pascal Reva trouverait plus logique de voir le public revenir, « quitte à ce que les gens mettent des masques s’ils sont à risques. » Pourtant, des concerts auront bien lieu cet été sur la Côte d’Azur. Le Département des Alpes-Maritimes a maintenu ses Estivales. La Ville de Nice a lancé un appel à projets qui tient compte des règles sanitaires. Cannes délocalise les Nuits Musicales du Suquet et Jazz à Domergue sur le toit du palais des festivals, et songe au streaming (diffusion en direct) ou au drive-in (spectateurs dans leur voiture, façon cinéma).
« Faire comme les restos »
Malgré tout, Ben Géli juge ces options « intéressantes ». Panda Events va donc « essayer de faire comme les restos : proposer des spectacles qui respectent les règles. Par exemple, avec des réservations familiales par groupes de dix maximum et un restaurant-bar. Ainsi, on peut retrouver de la convivialité. Quatre, cinq formules sont en discussion partout en France. Surtout sur la Côte. » Les Panda espèrent un feu vert, en août, pour des événements à cent spectateurs. En attendant, «ilfaut être dans les starting-blocks, prêt à monter des projets en deux-trois semaines... après avoir tout arrêté ! » Mais pour la suite, Gil Marsalla ne voit « qu’une solution : c’est que ça reparte. Que les cachets devenus prohibitifs baissent. Et que les mairies mettent à disposition des salles, des espaces et financent le spectacle vivant. Un travail de longue haleine... » Une certitude : the show must go on.