Association : « Notre responsabilité est ne pas abandonner les familles »
« Aller vers ».« Occuper le terrain ».« Ne pas abandonner les familles ». « Le psychologue doit aller dehors, sortir de son cabinet, et faire des offres de soins ». Ces quelques phrases sont des mantras qu’Alexandrine Sanchez répète volontiers pour parler de son travail de « débriefing de crise en milieu péri-urbain », décrivant « l’intervention clinique dans les banlieues » (1). La psychologue et psychothérapeute familiale de l’Association vivre en famille (Avef) accompagne des groupes de parole tout au long de l’année dans le quartier Berthe à La Seyne. Quand un épisode de violence claque à nouveau, c’est sur le terrain qu’elle retourne, en binôme avec Sylvie le Berre, agent de développement social. « Nous avons pris contact avec des mères que nous connaissons et organisé un groupe de parole de rue, près d’une école.
Les gens sont venus. On a fait comme on a pu, debout, dehors, mais on a libéré beaucoup de choses .» Dans le débriefing, les tirs les plus récents ont été évoqués, bien sûr. « Ilyade la colère. Faire grandir des enfants dans de telles circonstances, c’est difficile. Mais il n’y a pas de fatalité [à la délinquance] », poursuit Alexandrine Sanchez. À condition de soutenir ces mères – « qui sont des guerrières » – et à condition de « valoriser les parents ». D’ici fin juillet, une dizaine de groupes va continuer de se réunir régulièrement, soit une centaine de personnes en tout. En 2018, soixante-dix parents avaient participé au débriefing de crise lancé après la mort de trois jeunes du quartier (âgés de 14, 19 et 24 ans), cibles et/ ou victimes collatérales de règlements de comptes, en août et septembre. « Nos interventions rapides ont permis de faire baisser la charge émotionnelle. Grâce à toutes ces prises en charge, nous avons pu faire émerger un début de résilience », écrivaient les deux auteures, en conclusion de leur article très fouillé. Elles soulignaient aussi, que « tout cela a pu mettre en lumière les solidarités qui permettent à bon nombre de personnes de rester dignes et debout malgré les difficultés matérielles et psychiques souvent désastreuses ». 1. L’article « Débriefing de crise en milieu péri-urbain : l’intervention clinique dans les banlieues » est paru en juin 2019 dans Le journal des psychologues.
‘‘ Contre la fatalité le besoin de soutenir les parents”