« Le Pavillon Bleu n’est pas un label environnemental mais un label touristique »
Sarah Hatimi, référente Méditerranée de Surfrider foundation Europe
Quelle valeur accorder aux évaluations du Pavillon Bleu, notamment au niveau de la qualité des eaux de baignade ? Voici des éléments de réponses avec Sarah Hatimi, responsable du bureau Méditerranée de la Surfrider Foundation Europe (SFE) ().
Que représente le Pavillon Bleu pour SFE ?
Ce n’est pas un label environnemental mais un label touristique, qui donne des informations aux gens sur les plages où ils peuvent se rendre. Dans les communes qui en font la demande, il se base sur une quarantaine de critères, dont certains sont liés à l’environnement, comme la qualité de l’eau, la gestion des déchets, la sensibilisation du public à l’environnement. Mais il prend aussi en compte d’autres critères.
Est-il fiable sur la qualité de l’eau ?
Il se base sur le classement fait par la Commission européenne, qui elle-même se base sur le classement des zones de baignade en quatre niveaux. Et ne retient que la meilleure, c’est une bonne chose. Mais nous considérons que la surveillance de la qualité de l’eau n’est pas suffisante. Les analyses prises en compte concernent uniquement la bactériologie et non la physico-chimie (boom d’algues, polluants chimiques) et les déchets aquatiques. En outre, la surveillance de la qualité de l’eau est limitée à des analyses faites entre le juin et le septembre de l’année précédente, ce qui entretient la confusion sur la qualité de l’eau de l’année en cours. Enfin, cette période elle-même est insuffisante, surtout en Méditerranée, où l’on se baigne du printemps à l’automne, et même toute l’année pour certains opérateurs.
Ce label a-t-il un impact sur les politiques communales ?
Il pousse des communes à agir un petit peu pour sensibiliser le public, à faire des efforts. Mais pour nous il faut aller plus loin. Par exemple, à chaque pollution des eaux de baignade, un maire ou responsable d’une collectivité devrait déterminer la source de pollution et mettre en oeuvre tous les moyens pour la supprimer, informer plus largement le public, notamment sur l’impact sur la santé.
La qualité des eaux de baignade en Europe s’est nettement améliorée au cours des dernières décennies. Qu’en dites-vous à l’aube de la saison touristique estivale ?
Le tourisme est une grosse source de pression et de pollution sur le littoral méditerranéen. Si Surfrider se réjouit de cette constante amélioration, il apparaît également important d’anticiper les nouveaux usages à la mer, les nouvelles technologies d’analyses et les nouveaux systèmes d’information et de communication mais aussi de prendre en considération les pollutions émergentes. 1. Créée en 1990 à Biarritz, Surfrider Foundation Europe est une organisation non gouvernementale environnementale. Elle a pour but la protection et la mise en valeur de l’océan, du littoral, des vagues, des lacs, des rivières et de toutes les populations qui en jouissent.