Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« L’ascension fulgurante » d’une collaborat­rice

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Une ancienne directrice générale des services de Sanary vient à la barre, dans le volet qui concerne la prise illégale d’intérêt et le détourneme­nt de fonds publics pour le maire. Le recel pour elle. Initialeme­nt recrutée en tant que contrôleur de gestion, Sybille Beaufils, 49 ans, bénéficia d’une « ascension fulgurante » au sein de la mairie. Elle avait vite fait ses preuves et gagné la confiance. Après avoir permis « d’apurer les comptes communaux de 3 millions d’euros »derecettes portées au budget de façon indue, « le maire a voulu pérenniser mon poste », explique-t-elle. Elle passera collaborat­rice de cabinet en sept mois, doublant son salaire (de 2600 à 4300 euros). La relation intime concomitan­te qu’elle entama avec

Ferdinand Bernhard pendant l’été 2009 a-t-elle un lien avec cette promotion ? « Avec le recul, il est impensable que je sois recrutée pour autre chose que mes qualités profession­nelles, tranche Sybille Beaufils, à la barre. Je suis peut-être tombée au bon moment [des postes se libéraient], mais j’ai mérité ce poste .»

Discordanc­e

« J’ai du mal à comprendre la discordanc­e aussi importante entre ce que vous dites aux gendarmes en 2015 et la version d’aujourd’hui », sourcille le procureur Étienne Perrin. « Avec le recul », avait-elle concédé, « l’analyse faite à l’époque par [son] mari était sans doute fondée ». Ce dernier avait qualifié cette promotion « de poudre aux yeux, juste pour [l’] avoir et pas pour [ses] réelles compétence­s ». « Avez-vous eu deux reculs, Madame Beaufils ? Le second recul après avoir été mise en examen, avoir réfléchi et changé de version ? », demande le procureur. « J’ai parlé de relation avec le maire, ça veut dire une relation de confiance [et non une relation intime] », finit-elle par lâcher. « La confiance », c’est aussi le mot employé par Ferdinand Bernhard pour décrire le recrutemen­t de ses collaborat­eurs de cabinet. Et pour le maire aussi, « à aucun moment, [son] choix était lié à une relation intime. Vous po uvez dormir tranquille, lance-t-il au tribunal. Là, on est au travail, il y a un vrai boulot. Elle travaille et elle travaille bien ». L’expression « couteau suisse » a même été utilisée pour parler de ses multiples fonctions, jusqu’à directrice générale des services (DGS), de facto.

Pas des rumeurs

Pourtant, Madame Beaufils n’a pas réussi le concours requis. « Elle ne pouvait rien signer et son nom ne devait pas apparaître dans les actes. Cela ne pose pas problème ? », s’enquiert la présidente du tribunal, Céline Ballerini. « Je préfère avoir quelqu’un qui fait la fonction et est efficace », répond Ferdinand Bernhard. « La fonction de DGS ne lui a rien rapporté [financière­ment] », s’agace le maire, pressé de questions. « Vous nommez en qualité de DGS votre maîtresse. Cela est-il normal ? », formule le procureur. « Je voudrais éviter ce mot, se drape le maire. N’allez pas imaginer qu’on fait fi des textes et des choses. Il y a des gens qui colportent des bruits qui finissent par être assassins .» « Monsieur Bernhard, intervient la présidente de la 6e chambre, on n’est pas en train de parler de rumeurs, là. Ce sont des faits décrits dans l’ordonnance de renvoi .» La défense revient sur « les compétence­s de Madame Beaufils, le lien de confiance, sans avoir besoin d’avoir de relation intime ». Le reste est de la sphère privée. « Les choix que je fais sont toujours dans l’état d’esprit de servir au mieux la commune, affirme Ferdinand Bernhard. Il m’arrive de me tromper, mais dans ce caslà, je ne me suis pas trompé .»

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Croquis d’audience Rémi Kerfridin

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