Une « boîte à maux » pour déceler la maltraitance
Faisant écho à une initiative nationale, une boîte aux lettres permettant de libérer la parole des jeunes victimes de violences sera installée dès septembre dans une école de Trans-en-Provence
Àla rentrée prochaine, une petite boîte aux lettres sera disposée au sein de l’école primaire Jean-Moulin, à Trans-enProvence. Une petite boîte, discrète mais cruciale, destinée à renfermer des mots… pour libérer les maux d’enfants victimes de maltraitances. « Celle-ci sera installée dans un endroit à l’abri des regards, pour que les petits se sentent en confiance. Ils pourront y glisser un message ou un dessin, en mentionnant leur nom et prénom, et ainsi se libérer d’un poids qui, chaque année, pèse sur plus de 165 000 enfants », indique Philippe Funel, référent local de l’association Les Papillons, engagée dans la lutte contre les violences infantiles et initiatrice de ce dispositif déployé au niveau national. Ce dernier s’étant déjà concrétisé dans trois écoles françaises, dont l’établissement MauriceDelplace, à La Garde.
« Je n’ai pas réfléchi à deux fois »
« La boîte y a été placée début mars, une semaine avant le confinement, souligne le référent. En quatre jours, trois courriers ont été réceptionnés et l’un d’eux a entraîné la saisine de la Cellule départementale de recueil des informations préoccupantes (Crip) de Toulon et du procureur de la République. Dans certains cas, la gendarmerie et les services sociaux peuvent également être saisis », souligne Philippe Funel qui, devenu référent il y a peu, prend très à coeur ses nouvelles missions. « Si je me suis engagé, confie-t-il, c’est parce que cette problématique me touche particulièrement.
Trois boîtes sont déjà installées dans des écoles françaises, dont une à La Garde. Référent local de l’association Les Papillons, Philippe Funel espère étendre ce dispositif à toute la Dracénie.
Deux de mes proches ont en effet été victimes de viol au sein de ma propre famille. Ma cousine a subi ces atrocités dès l’âge de six ans, jusqu’à ses dix-sept ans. »
Une triste réalité dont Philippe Funel ne s’est jamais remis. « Quand ma tante Karine m’a proposé de rejoindre l’association, je n’ai pas réfléchi à deux fois ! »
Elle-même référente, à l’autre bout de la France, Karine témoigne : « Ma fille a commencé à parler à l’âge de trente ans. Je n’avais rien vu durant tout ce temps, et je suis
durant le confinement
« Je n’ai pas pu agir pour ma fille, mais aujourd’hui je veux oeuvrer pour tous les autres enfants victimes de viols et de violences, poursuit la maman. Ne rien dire, c’est continuer à vivre dans la peur. La parole doit se libérer. » A fortiori après cette période de confinement, au cours de laquelle les appels d’urgence passés au 119 – service d’accueil téléphonique pour l’enfance maltraitée – ont bondi de plus de 80 %. « La prise de conscience est là, conclut Philippe Funel. Il faut désormais la renforcer. Pour que ces jeunes âmes, meurtries à jamais, puissent enfin se libérer... »