Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ballers The Rock secoue la NFL

La série portée par Dwayne « The Rock » Johnson porte sur le monde très particulie­r du football américain et notamment ses coulisses

- MATHIEU FAURE

Est-il possible de réussir une brillante série sur l’univers du football américain sans montrer une seule image de football américain ? Eh bien oui. Voici Ballers, série produite par HBO mais aussi par des pointures d’Hollywood comme Peter Berg et Mark Wahlberg et qui a conquis son public très rapidement. Mais la véritable star de la série, elle, est visible dans tous les épisodes, elle mesure 1,98 mètre, pèse plus de 125 kilos, casse un smartphone par saison, porte des costards qui semblent lui mouler le corps et balance un sourire ultra bright en permanence. Son nom : Dwayne Johnson, connu aussi sous le pseudo « The Rock » quand cette machine de muscles faisait carrière dans le catch avant de devenir l’acteur le mieux payé au monde en 2019. Mais le premier amour de The Rock a toujours été le football américain puisque durant ses études il a fréquenté les Hurricanes de Miami et ambitionna­it de se présenter à la draft NFL. Une vilaine blessure à l’épaule a finalement brisé son rêve. Hasard ou non, Ballers se situe à Miami où Spencer Strasmore, ancienne star de la Ligue reconverti­e comme agent de joueurs, va nous emmener au coeur de la NFL pendant cinq saisons.

Rythmé et nerveux

Il y a d’abord le verni, c’est-à-dire le fric, les fringues tendances, les villas avec piscine, les contrats à plusieurs millions de dollars, les filles en strings dans des fêtes sous un soleil tapant, des réunions sur des yachts de milliardai­res, des grosses bagnoles, des bijoux, des dents blanches, des stars ici et là et des brochettes de crevettes. Au fond, la série débute comme le rêve américain. C’est beau, hype, suave. On a envie d’y être. Et puis on gratte un peu et on commence la descente aux enfers : le dopage, les ravages du football américain sur le corps, les rapports humains compliqués, le mensonge, les frasques, le sexe, la trahison, la cupidité, la flagorneri­e, l’oisiveté. Comme si l’immense film d’Oliver Stone L’Enfer du dimanche était adapté pour le petit écran. Ballers est rythmé et nerveux, ce qui rend la série très addictive, notamment par son casting. Il y a la pierre angulaire difficile à manquer – The Rock – mais surtout une galerie de personnage­s secondaire­s absolument prodigieux. Joe Krutel (Rob Corddry), le bras droit barge de Strasmore qui se prend pour un Afro-Américain

alors qu’il ressemble à Fabien Barthez ; Ricky Jerret (John David Washington, fils de Denzel), ancienne gloire en fin de carrière qui se cherche un beau dernier contrat tout en dribblant les liens de la fidélité conjugale ; Charles Greane (Omar Miller), joueur à la retraite qui tente de se reconverti­r dans le management sportif tout en gérant sa paternité. Des personnage­s comme ça, la série en compte une dizaine. On zappe de l’un à l’autre, de Miami à Las Vegas, sans jamais se perdre dans la narration.

Ballers s’aventure autour de sujets épineux

Car au-delà de la simple série sur le football américain, Ballers s’aventure surtout autour de sujets épineux, et notamment la difficile condition des joueurs à la retraite. Ces « vétérans » abandonnés par un système qui s’est pourtant engraissé grâce à leur performanc­e mais qui ne veulent plus entendre parler d’eux une fois le rideau tombé. Traumatisé­s dans leur chair, ils sont des centaines – dont Strasmore – à combattre les démons de leurs corps, de leurs neurones abîmés par les chocs inhérents au football américain. Ballers est là aussi pour faire passer des messages sur le business florissant de la NFL. Cette Ligue qui n’accepte pas forcément le changement. On parle d’une organisati­on composée en majorité par des joueurs afro-américains mais dont les patrons de franchise sont quasi exclusivem­ent des Caucasiens... jusqu’à l’arrivée de Spencer Strasmore dans le game. Avec ses bras de lutteurs et son sourire Colgate, The Rock réussit son entreprise. Ballers est une franche réussite et c’est surtout la sienne.

Les corps abîmés

Ballers. 5 saisons. Disponible sur OCS.

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