Un pastoralisme viable et cohérent
Première indication qu’il s’agit bien d’une brousse du Rove : « C’est un produit saisonnier. Je n’en fais que de mi-février à mi-octobre », rappelle Magali Falcot. Ancienne fonctionnaire territoriale, elle s’est reconvertie, comme son commercial de mari pour le suivre dans cette aventure voici une vingtaine d’années. Ils se relaient pour emmener paître le troupeau dans les bois. « C’est primordial pour notre équilibre » selon Madame. « La Rove a beaucoup de muscles, elle est très adaptée au parcours. Certains rêvent leur vie. Moi je vis mon rêve » assure Monsieur. Le couple est même devenu formateur. La demande de brousse augmente, d’où l’action du groupement pour installer des jeunes. « L’accès au foncier reste difficile, on travaille avec les collectivités », souligne Luc Falcot. Il aime à démontrer que ce pastoralisme est un système viable, cohérent et écologique : «Ilyaunintérêt en termes d’emploi et d’environnement. Nos chèvres mangent jusqu’à 1,50 m de hauteur, voire plus lorsqu’elles couchent les arbres. Elles débroussaillent, permettent de lutter contre les incendies. En mangeant les espèces dominantes, elles permettent au soleil de rentrer, favorisant la biodiversité végétale et animale ». « Berger est un métier moderne, même en fromagerie. Nous ne sommes pas de doux rêveurs » complète le pâtre. La race a failli disparaître dans les années soixante, où il n’en restait que quelques dizaines. Des éleveurs passionnés l’ont sauvée. Son avenir semble radieux, malgré la menace du loup… « Un gros problème, en dépit de tous les systèmes de protection mis en place » se désole-t-il.