Deux mois pour financer une année complète d’études
À cette époque, ils devraient être sur les plages, matelas et chaises longues à bout de bras, matin et soir. Assis devant les ordinateurs du Bureau information jeunesse de Saint-Raphaël, deux adolescents sont finalement en train d’actualiser leurs CV. Alors que depuis deux ans ils officient auprès des mêmes employeurs en bord de mer, le Covid-19 et surtout la crise économique qui en a découlé ont mis à mal leur projet d’emploi saisonnier. À une période clé de leur vie, celle du dernier été avant d’entrer dans l’enseignement supérieur, avec de nouveaux frais à honorer. Cameron, 18 ans, et Mehdi, 17 ans, travaillent d’ordinaire au montage et démontage des plages privées et en journée sur les marchés du secteur. « Avant mes 18 ans, c’était plus pour de l’argent de poche et connaître le monde du travail. Cette année, je cherchais un emploi avec un vrai salaire », justifie le premier. Mais l’offre se fait attendre. Son compère, en poste au même endroit, avoue « commencer à s’inquiéter. Normalement, début juin, j’ai déjà des jours réservés pour travailler… » Cette année : rien. Pour cause, « il y a moins de monde sur les plages pour le moment, donc le gérant nous a dit d’attendre de voir s’il allait avoir besoin de nous plus tard », regrette le duo.
« Un internat à payer »
Un contretemps dont l’impact est avant tout pécunier. Comme pour beaucoup de saisonniers étudiants, ces mois d’été devaient financer tout ou partie de leurs frais engagés l’an prochain pour leur première année dans le supérieur. Cameron vient d’obtenir son Bac S et se dirige à la rentrée vers une classe prépa Sciences de l’ingénieur et des mathématiques à Aix-en-Provence. « Je comptais me payer au moins trois quarts de mes frais de loyer en travaillant les trois mois d’été. Plus mon embauche recule, moins je vais pouvoir les financer », s’alarme le lycéen d’AlbertCamus. S’il avoue chercher d’autres pistes pour cet été, Mehdi refuse – pour l’heure – d’envisager de travailler en parallèle de ses cours de Génie civil qui débutent en septembre. « Il faudra bien payer mon internat, mes parents ne pourront pas tout prendre en charge. Juillet et août sont déterminants pour moi ». Ils ne sont pas les premiers touchés par la crise, mais ces jeunes sont eux aussi victimes de la situation économique du pays. Pour beaucoup, ce sont leurs conditions d’études qui sont en jeu.