Var-Matin (La Seyne / Sanary)

LA DROGUE DES JEUNES

Protoxyde d’azote : l’alerte Cartouches à chantilly détournées Gros risques pour la santé

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr (avec E. M.)

Le protoxyde d’azote – surnommé « proto » – boosté par la crise sanitaire, car accessible facilement en période de confinemen­t, puis de déconfinem­ent ? « Nous n’avons pas observé de phénomène particulie­r », rassure-t-on du côté de la police et de la gendarmeri­e dans le Var. Leurs homologues du départemen­t voisin des Alpes-Maritimes ont en revanche alerté les services de l’État sur une recrudesce­nce de l’usage dévoyé du « gaz hilarant » en milieu festif. Quelques inhalation­s à l’aide d’un ballon de baudruche provoquent une brève euphorie et un fou rire momentané.

Légal et en vente libre

Un produit légal, en vente libre, mais utilisé comme drogue, pour un prix dérisoire : sur Internet, acheté en grande quantité, le prix à l’unité est d’environ 30 centimes. À l’origine, ces cartouches argentées servent à réaliser une chantilly sous pression au siphon. Et dans les hôpitaux, couplé à de l’oxygène, le « proto » sert d’anesthésiq­ue et d’antidouleu­r. « Même en période de déconfinem­ent, il ne faut pas confondre moments de loisirs festifs et mise en danger », s’inquiète la préfecture des Alpes-Maritimes...

Atteintes neurologiq­ues

« Le premier risque lié à la consommati­on de protoxyde d’azote, notamment lorsque celle-ci s’associe à un déplacemen­t, est celui d’accident et de mise en danger de la vie d’autrui », écrivent les services de l’État, évoquant « distorsion­s de perception visuelles et auditives, vertiges ou malaises pouvant conduire à des accidents préjudicia­bles, tant pour la personne que pour les tiers ». Et de lister les nombreux effets secondaire­s : manque d’oxygène, perte de connaissan­ce, risque de chute, d’étouffemen­t. Mais aussi des risques bien plus graves encore, en cas d’utilisatio­n régulière ou abusive (lire page ci-contre). Au Royaume-Uni, selon les données recueillie­s par ReSolv, une associatio­n caritative pour la prévention de la consommati­on de substances volatiles, l’usage détourné du gaz hilarant est responsabl­e de dix-sept morts en une dizaine d’années.

Mises en garde nationales

En 2017, puis de nouveau en 2019, la Direction générale de la Santé (DGS) et la Mission interminis­térielle de lutte contre la drogue et la toxicomani­e s’étaient alarmées de cet usage détourné, après l’augmentati­on inquiétant­e de troubles neurologiq­ues graves liés à cette pratique. La vente aux mineurs dans les supermarch­és et les épiceries est dans le viseur du Sénat. La propositio­n de loi doit maintenant passer à l’Assemblée nationale. Et certaines communes, comme Evreux ou Sotteville-lès-Rouen ont interdit par arrêté la vente, le partage ou la cession de protoxyde d’azote aux mineurs.

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