LA DROGUE DES JEUNES
Protoxyde d’azote : l’alerte Cartouches à chantilly détournées Gros risques pour la santé
Le protoxyde d’azote – surnommé « proto » – boosté par la crise sanitaire, car accessible facilement en période de confinement, puis de déconfinement ? « Nous n’avons pas observé de phénomène particulier », rassure-t-on du côté de la police et de la gendarmerie dans le Var. Leurs homologues du département voisin des Alpes-Maritimes ont en revanche alerté les services de l’État sur une recrudescence de l’usage dévoyé du « gaz hilarant » en milieu festif. Quelques inhalations à l’aide d’un ballon de baudruche provoquent une brève euphorie et un fou rire momentané.
Légal et en vente libre
Un produit légal, en vente libre, mais utilisé comme drogue, pour un prix dérisoire : sur Internet, acheté en grande quantité, le prix à l’unité est d’environ 30 centimes. À l’origine, ces cartouches argentées servent à réaliser une chantilly sous pression au siphon. Et dans les hôpitaux, couplé à de l’oxygène, le « proto » sert d’anesthésique et d’antidouleur. « Même en période de déconfinement, il ne faut pas confondre moments de loisirs festifs et mise en danger », s’inquiète la préfecture des Alpes-Maritimes...
Atteintes neurologiques
« Le premier risque lié à la consommation de protoxyde d’azote, notamment lorsque celle-ci s’associe à un déplacement, est celui d’accident et de mise en danger de la vie d’autrui », écrivent les services de l’État, évoquant « distorsions de perception visuelles et auditives, vertiges ou malaises pouvant conduire à des accidents préjudiciables, tant pour la personne que pour les tiers ». Et de lister les nombreux effets secondaires : manque d’oxygène, perte de connaissance, risque de chute, d’étouffement. Mais aussi des risques bien plus graves encore, en cas d’utilisation régulière ou abusive (lire page ci-contre). Au Royaume-Uni, selon les données recueillies par ReSolv, une association caritative pour la prévention de la consommation de substances volatiles, l’usage détourné du gaz hilarant est responsable de dix-sept morts en une dizaine d’années.
Mises en garde nationales
En 2017, puis de nouveau en 2019, la Direction générale de la Santé (DGS) et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie s’étaient alarmées de cet usage détourné, après l’augmentation inquiétante de troubles neurologiques graves liés à cette pratique. La vente aux mineurs dans les supermarchés et les épiceries est dans le viseur du Sénat. La proposition de loi doit maintenant passer à l’Assemblée nationale. Et certaines communes, comme Evreux ou Sotteville-lès-Rouen ont interdit par arrêté la vente, le partage ou la cession de protoxyde d’azote aux mineurs.