Handicap : un numéro unique pour appeler à l’aide
Des aidants familiaux épuisés, un accès aux soins rompu... : sortie de crise compliquée pour le champ du handicap. Sophie Cluzel annonce la mise en place d’un numéro vert de crise, le 0.800.360.360
Elles ont vécu la crise sanitaire encore plus durement que la plupart d’entre nous. Elles, ce sont les personnes en situation de handicap. Et leurs familles. Lorsque le proche, enfant, adulte, vulnérable est accueilli en internat dans un établissement adapté, la période s’est traduite par une rupture pendant plusieurs mois du contact présentiel, dans le respect des mesures de confinement. Pour d’autres familles, il a fallu à l’opposé réapprendre à vivre ensemble et à temps complet au domicile. Au risque de l’épuisement. Avec le confinement et la fermeture des externats, ce sont en effet quelque 60 000 enfants et 30 000 adultes porteurs de handicap, parfois très lourds, qui sont « rentrés chez eux ». Et s’ils ont bénéficié d’un dispositif plus souple concernant les autorisations de déplacement (en termes de durée et de périmètre), certaines familles ont dû faire face à la difficulté de faire comprendre ces contraintes. Et parfois à une aggravation des troubles comportementaux. La période s’est par ailleurs traduite par une rupture dans l’accès aux soins somatiques, tous les actes non urgents ayant été déprogrammés. Et la reprise s’annonce très compliquée. C’est dans ce contexte très tendu qu’à l’occasion d’un déplacement à Nice, Sophie Cluzel, secrétaire d’État au handicap, doit annoncer aujourd’hui la mise en place d’un numéro vert de crise : le 0.800.360.360. La région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur, très mobilisée autour du handicap, fait partie des 7 territoires « pilotes » identifiés par la secrétaire d’Etat pour expérimenter ce nouveau dispositif, qui devrait connaître un déploiement national dans les prochaines semaines.
Trouver des solutions concrètes
Ce numéro unique national d’appui, gratuit, vise à apporter de l’aide à toutes les personnes en situation de handicap et aux aidants en difficulté, souvent très isolés, au sortir du confinement. Objectif : leur trouver des solutions concrètes en mobilisant les acteurs du territoire. Les appels seront ainsi pris en charge par une équipe de proximité, les « communautés 360 », composées des acteurs locaux impliqués dans l’accompagnement des personnes handicapées (associations gestionnaires d’établissements et de services pour personnes handicapées, mais aussi les associations de personnes, l’hôpital, le médecin de ville, les réseaux de solidarité…), réunis autour de la Maison départementale des personnes handicapées. Dans les
Alpes-Maritimes, c’est le centre de consultation des PEP 06 qui a été retenu pour porter cette communauté. Pour le Var, la mission a été confiée à l’Ugecam. Tous ces acteurs devront trouver une solution d’accompagnement, qu’elle soit temporaire ou définitive. Une plateforme d’écoutants nationaux est également mise en place, agissant comme « filet de sécurité » pour les appels ne pouvant pas être pris par les équipes territoriales. « Et si aucune solution n’est trouvée, il faudra alors la créer. » Un engagement au plus haut niveau que les familles entendront bien faire respecter. Alors que la France est régulièrement rappelée à l’ordre pour son retard dans le champ du handicap, l’Unapei, association de personnes avec un handicap mental, a rappelé que certes, elles ont « besoin d’une écoute, mais aussi de réponses concrètes et personnalisées et de moyens pour combler le manque d’accompagnement. »