Un labo à ciel ouvert pour le réseau radio du futur
Durant trois jours, de Brignoles à Artigues, sapeurs-pompiers et partenaires ont mené des expérimentations sur le terrain afin de bénéficier, à terme, d’un dispositif complet et moderne de communications unique au monde
RRF. Trois petites lettres synonymes d’un changement époustouflant en perspective pour tous les acteurs de secours et de la sécurité en France. En effet, le projet lancé par le Ministère de l’Intérieur baptisé « Réseau radio du futur » est destiné à équiper les sapeurs-pompiers notamment d’un outil de communication à très haut débit. Un bond aussi spectaculaire que de passer de la 2 CV à la formule 1.
Remplacer les outils en voie d’obsolescence
Hier, à Artigues, une centaine de sapeurs-pompiers étaient déployés sur une simulation de feu de forêt. Le même que celui, terrible, affronté en 2017. Les flammes avaient alors ravagé 1 700 hectares. « Ce que nous avons voulu rejouer sur ce chantier – qui est réaliste et qui pourrait malheureusement se reproduire – c’est de tester des nouveaux réseaux radio qui ont vocation à remplacer les radios actuelles dans quelques années », explique le lieutenant-colonel Christophe Pasquini, responsable « groupement opérations ». Actuellement, les sapeurspompiers du Var fonctionnement sur un réseau analogique ainsi que numérique baptisé Antares. Des équipements ayant montré leurs limites avec l’impossibilité, par exemple, d’envoyer photos, vidéos, d’établir des visioconférences ou de géolocaliser. L’équivalent du réseau 2G. « L’idée, c’est de prendre le meilleur d’Antares et le meilleur de la téléphonie, soit la 4G, puis la 5G. »
Alimenter le cahier des charges
Durant trois jours, les pompiers du Var, accueillis par la caserne de Brignoles , ont multiplié les scénarios afin de profiter d’un maximum de retours d’expérience sur les communes de Tourves, Camps-la-Source, Forcalqueiret et bien sûr Artigues. Entre 50 et 100 intervenants étaient mobilisés par manoeuvre. Complétant l’ensemble des moyens habituels, les soldats du feu ont travaillé, munis de smartphones ou de tablettes en guise de terminaux, sur un support utilisé par les forces spéciales du GIGN et du Raid. Les précieux enseignements – collectés sur le terrain comme au poste de commandement installé le long de la D3 – alimenteront le cahier des charges destiné à la société choisie pour développer le système complet de communication. La principale difficulté rencontrée en milieu boisé est la couverture du réseau téléphonique, parfois nulle. Un obstacle qui sera enjambé par trois types de relais complémentaires appelés « bulles tactiques » permettant de couvrir jusqu’à 40 km aux alentours. De nombreux acteurs et partenaires étaient présents : Sécurité Civile, ONF, CCFF,
DDTM, service forêt du Conseil départemental, les observateurs des sapeurspompiers du 06, 13, Bataillon des Marins Pompiers, etc. L’impérieuse nécessité de « liaisons interservices »aété redémontrée.
personnes ciblées
Une « direction du programme » pluriprofessionnelle basée à Paris, clef de voûte du projet, gère l’ensemble des expérimentations sur le territoire. En plus de la mission « feux de forêt » confiée aux sapeurs-pompiers du Var, la structure coordonne les autres thématiques au niveau national : « secours à personne », « transfrontières », « montagne », « maritime », etc. Elle était incarnée hier par le lieutenant-colonel Alain Albarez, responsable des expérimentations et représentant le préfet Lambert. Le marché d’appel d’offres devrait être lancé à la fin de l’année avec pour objectif d’être parfaitement opérationnel en 2023, année de la coupe du monde de rugby et 2024, année des Jeux Olympiques à Paris. Quatre pays utilisent ce système innovant : la Corée du Sud, Les USA, le RoyaumeUni et la Finlande. Néanmoins, le produit français aura ceci d’unique au monde : il s’appuiera sur l’ensemble des opérateurs téléphoniques existants. À terme, 700 000 personnels et agents bénéficieront de ce support sécurisé qui a pour originalité d’avoir été conçu par les utilisateurs.