Archives départementales : le confinement se documente
Recueillir les traces du confinement sous toutes ses formes : l’initiative, amorcée dans l’est de la France, témoigne de l’importance historique que revêtent les mesures de restriction. Explications
Le parallèle n’est pas anodin : « Tout le monde se souvient où il était le 11 septembre 2001 [pour les plus jeunes, il s’agit de la date des attentats contre les tours du World trade center, à New York, NDLR]. Tout le monde sait ce qu’il faisait le 12 juillet 1998 [première victoire de la France en coupe du monde de football]. Tout le monde se souviendra comment il a vécu les mois d’avril et mai 2020. » Effectivement, il est des événements qui marquent autant les esprits qu’ils marqueront l’histoire. Encore faut-il donner les moyens aux générations suivantes d’en saisir l’importance. C’est tout l’enjeu de la campagne de collecte de documents lancée par les archives de France, sous l’impulsion de la structure vosgienne (lire ci-contre). Une campagne que décrit Thierry Bertrand, responsable du service des fonds déposés, des archives privées et de l’appui aux territoires, en charge de la collecte. « L’idée, c’est de demander des carnets, des blogs, des messages, des photos, des vidéos… Tout ce qui peut permettre de témoigner de ce confinement. »
« Nous recherchons des documents intimes »
La démarche n’a de limite que celle de l’imagination. «Onsouhaite conserver la mémoire de cet événement exceptionnel, à chaud, notamment pour ne pas prendre le risque de perdre des choses que les gens imaginent sans importance. » Mais qui peuvent rendre compte d’une époque bien plus efficacement que les données administratives collectées de manière presque automatique. « Là, ce que nous recherchons, ce sont des documents intimes, qui portent le ressenti des personnes. » Une telle démarche avait déjà été entreprise, afin de documenter la Première Guerre mondiale. « Cela s’appelait “la Grande collecte”, et cela avait permis d’obtenir des correspondances privées, d’avoir plus de diversité dans l’approche de l’époque », se souvient Thierry Bertrand. Les correspondances sont plus rares aujourd’hui. Même l’échange de mails devient marginal. Les archives collecteraient-elles les textos ? «Et pourquoi pas ? »